Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/08/2007

Mohamed Rochd, ex Jules KEMPF, coopérant

Mohamed Rochd, spécialiste d’Isabelle Eberhardt et critique littéraire est né Jules KEMPF.

En 1963, il était coopérant à Kenadsa, un village près de Béchar . … Et il est resté en Algérie !

Voici un entretien réalisé par Menaouar Bahloul pour le journal algérien La Nouvelle République

 

La Nouvelle République : Vous vous intéressez à Isabelle depuis 30 ans. Pouvez-vous nous expliquer comment cela a débuté ?

 

Rochd Mohamed : J’ai été affecté en 1963 à Kenadsa, un village près de Béchar, en tant que coopérant français. C’est en ramassant de vieux livres que je découvris un texte d’Isabelle intitulé ″Retour du troupeau à Kenadsa″. Ce texte émerveilla l’enseignant que j’étais et les enfants dont j’avais la charge.

 

Vous êtes musulman depuis quand ?

Je me suis converti à l’Islam le 12 avril 1965 à l’occasion de l’Aïd El Kébir. Je me suis marié la même année avec une algérienne. C’est d’ailleurs Isabelle qui a joué un grand rôle dans ma conversion à l’Islam, ainsi que la bonté légendaire propre aux gens du Sud.

 

82a965cfbf91635173cf36d914ddd49c.jpgOn a beaucoup parlé de cette jeune fille. Qui est-elle en réalité ?

Née le 7 février 1899 à Genève, Isabelle est morte le 2 octobre 1904 à Aïn Defla (Algérie). Destinée singulière que celle de cette jeune femme issue de l’aristocratie russe, qui ne connaît que l’exil et qui est décédée à 27 ans et demi, victime de la crue d’un oued, à l’orée du Sahara sous le déguisement d’un cavalier arabe.

 

Et Isabelle et l’Islam ?

Isabelle éprouve un grand amour pour le pays et le peuple algérien. Elle défendit les musulmans, ses frères. Mon principal objectif, disait-elle, est de défendre les musulmans et les plus démunis. Elle s’est convertie à l’Islam et s’est mariée avec un spahi.

Des projets ?

Des démarches sont entreprises avec la perspective de créer une fondation d’Isabelle, mais cela nécessite beaucoup de fonds. La Suisse est partante pour restaurer la tombe d’Isabelle qui a été endommagée. Il faut une volonté politique pour redonner à Isabelle, cette Maghrébine d’adoption, la place qui lui revient dans notre société arabo-musulmane.

 

Sinon ?

J’attends d’être recruté à l’université dans le département de français. Cependant, des problèmes persistent en raison de mon âge (je suis né en 1941). Il faut une dérogation, une autorisation du ministère afin que je puisse travailler. En attendant, je continue d’écrire et de faire de la recherche.

 

Entretien réalisé par Menaouar Bahloul

En intégralité sur DzLittérature

da07542419c89c6003c99fae20ceb5b5.jpg

06/08/2007

COOPERATION : UNE EXPERIENCE POUR TOUS LES AGES !

Cécile et Alain Mignot, jeunes retraités du diocèse de Rennes, ont décidé de partir comme volontaires avec la Délégation Catholique pour la Coopération. Depuis 18 mois, ils aident à l’administration du diocèse algérien de Ghardaïa. Par ce petit billet du Sahara, ils nous expliquent le sens de leur démarche de volontariat

Mais que font-ils dans le désert ?

Cette question cent fois posée, nous la vivons au quotidien depuis un an ! Partir comme volontaires, en couple, à l’heure de la retraite, ce n’était pas tellement pour "faire" mais plutôt pour "être" ensemble dans une réalité nouvelle, au service de l’Eglise présente à un peuple. Et bien nous ne sommes pas déçus !


L’Eglise au Sahara ?

"Le Sahara...du sable et des musulmans" disait le Pape. En effet, c’est un diocèse de deux millions de km², avec 100 permanents (religieuses, religieux, prêtres et quelques laïcs) éparpillés sur 15 localités et des chrétiens de passage... Nous y avons vécu l’arrivée du nouvel évêque, Claude Rault, qui visite, rencontre, anime ces communautés ; son "siège épiscopal" est sa voiture ! Il nous a invités à faire partie de son "conseil" pour partager sa réflexion pastorale et la vie du diocèse.


Cette population musulmane qui nous accueille, que nous révèle-t-elle ?

Les cours de français que nous donnons, nous, aux adultes si désireux de pouvoir parler, écrire, échanger... les Pères aux scolaires, permettent aux Mozabites -d’origine berbère- et aux Arabes -issus d’Arabie- de se rassembler, hommes et femmes (ce qui est difficile pour certains). Ces temps de formation, comme les bibliothèques de prêts et de recherches, sont des occasions d’échanges, de confrontations, d’ouverture pour eux et pour nous. Rien n’est petit... ces rencontres nous permettent de partager les événements familiaux et religieux : c’est le dialogue de la vie !
Ce dialogue nous le vivons souvent séparément ; les Mozabites ferment leur porte entre hommes et entre femmes. C’est pour nous un manque ; et la vie "sous le voile" des femmes mozabites est, pour moi, une souffrance (plus que pour elles : c’est une coutume à laquelle elles donnent sens) Et la parole entre femmes garde la saveur de la complicité, du rire partagé, de la confiance simple, comme le bain au hammam où l’on se frotte mutuellement avec tant de bienfait ! Pour certaines, c’est la couture et le tricot qui nous rassemblent ; et là aussi au delà des aiguilles, les paroles et les cœurs tissent des liens singuliers ; ce savoir-faire permet à certaines un peu d’autonomie financière. Les ressources sont précaires.
Ce qui nous semble clair pour la rencontre, comme pour la vie en Eglise, c’est la nécessité de durer pour que les différences créent de la vie ensemble. Cette durée des chrétiens que nous rencontrons au Sahara les rend simples et étonnamment "jeunes", le cœur brûlant... C’est une belle stimulation pour notre couple qui dure depuis 37 ans!

Alain et Cécile Mignot

en 2006

a809b86526180e7186737258e76808c6.jpg

30/07/2007

Daniel NICOLAS, un ″coopérant″ atypique

″Si c’était à refaire, je le referais.″  

 

« Daniel Nicolas est né dans l’agglomération de Longwy en Meurthe et Moselle le 20 juin 1932.

À 18 ans, Bac en poche, il s’engage au 11ème bataillon de choc parachutiste. Libéré de son engagement, Daniel part au Canada. Il sera bûcheron au Québec, docker à Montréal, ouvrier dans une usine de papier.

L’idée de devenir prêtre lui revient. Il rentre en France et se retrouve avec les jeunes séminaristes, lui qui avait déjà baroudé chez les paras et s’était aventuré au Canada.

Il prend contact avec une équipe de la Mission de France où il se trouve à l’aise avec un monde un peu nouveau. Ordonné prêtre en 1959, il parcourt la Tchécoslovaquie , la Yougoslavie et la Grèce et à son retour on lui propose une  affectation à Hussein Dey (à Alger) qu’il accepte de bon cœur.

Dès 1960 l’équipe de la Mission de France d’une paroisse de 30 000 pieds-noirs et 100 000 Algériens a conscience d’être là pour les deux communautés. FLN, OAS, Gendarmes et militaires étaient leur quotidien.

À l’indépendance il va apprendre l’arabe, et sur la base de ses compétences techniques en mécanique, il obtenait du Ministère de l’Education Nationale Algérien un poste d’enseignant au Lycée technique de Annaba. Il y aura occupé les postes de professeur, chef d’atelier, chef des travaux de 1964 à 1975. »

Je rencontrais pour la première fois un prêtre ouvrier, et il était prof dans un Lycée, c'était en 1969.

La suite nous l’avons un peu partagée, je le retrouvais à Tunis, et alors qu’en 1978 je rentrais en France sur Nice ; lui, poursuivait jusqu’en 1983 pour revenir et enseigner au Lycée d’Orange pendant cinq ans et … repartir en Mauritanie en 1988.

Il démarre alors une aventure étonnante, il accueille chez lui une bissao-guinéenne qui était enceinte, vit les tensions communautaires entre les Noirs et les Maures, se réfugie dans les locaux de l’ONU, fait migrer en France la maman et sa fille via le Portugal et adopte la petite Marie-France dont il était le parrain.

1992 sonne le temps de la retraite. Daniel est revenu à Orange, et il s’investit dans une association. C’était avant que la ville n’élise un maire du Front National, Jacques Bompard.

Le « statut » de Daniel a été le plus souvent secret. « C’est un secret que personne ne connaît, disait-il de Mauritanie. Je suis doublement hors-la-loi : en professeur officiellement laïc de l’Etat français et en exerçant dans l’Education nationale d’une République islamique… »

Ne lui demandons pas s’il a un cœur, il suffisait de l’écouter parler de Marie-France, sa fille adoptive. Il en était très fier quand, à l’âge de 8 ans, elle a chanté dans Carmen, au théâtre antique d’Orange. À la télé, on n’a vu que ce petit minois noir, sûrement au grand désespoir de Bompard …

Nous étions quelques uns à le retrouver ce samedi 9 décembre pour célébrer sa mémoire.

 Hommage rendu par Christian JAMBOU

 

da666c7d42ef20d2bc6cba5d6eb90701.jpg

 

Ce texte sur le Blog de Christian

 

21/07/2007

À tous mes amis d'El Milia (Michel COLLIGNON)

 À tous mes amis d'El Milia ,

 

En 1967, je suis parti pour El Milia au titre de la coopération pour deux ans. Je suis rentré en France ... 8 ans plus tard après avoir enseigné au CET et accompagné l'équipe de foot qui s'est appelée JSEM, puis CREM et qui s'appelle désormais CRBEM.

 

J'ai publié un certain nombre de photos en ma possession: je me rends compte que cela ne représente qu'un bref aperçu de mon séjour de huit ans.

 

J'ai finalement fait peu de photos, j'ai vécu parmi vous sans imaginer que c'était temporaire et que 30 ans plus tard l'envie de regrouper ces souvenirs me tiendrait tant à coeur ...

 

Si vous avez des photos de l'époque, vous pouvez me les faire parvenir: je me ferais un plaisir de les publier.

 

De toute façon, les objets que j'ai ramenés me rappellent chaque jour cette époque: de la poterie achetée sur la route à Sidi Abdelaziz au plateau en cuivre que m'a offert le CREM lorsque je suis parti; des cornes du bélier de l'aïd que m'avait données Boucherit le boulanger à la lanterne en cuivre achetée à la maison de l'artisanat de Constantine (rue Abane Ramdane) ...

 

Je vais sans doute faire des photos de ces souvenirs......

   

4ab346d62124e9022ad7aa7eb6febb49.jpg

À bientôt sur mon Blog

 

Michel Collignon

15/07/2007

L’ALGERIE, LE GRAND SAUT POUR LE DR BIGOT.

b543604f2a57ef49802094ca1d231b01.jpgJean-Jacques BIGOT est né en 1946 dans l’Eure-et-Loir. Par hasard, dit-il. Sa famille s’était enracinée à Paris depuis longtemps déjà. Il y a grandi. Sept ans à Paris-même puis en banlieue. Il y a fait ses humanités puis sa médecine. Il y a passé sa thèse.

 

C’est en banlieue qu’il a fait ses premiers remplacements avant le grand saut : coopérant en Algérie.

En rentrant d’Afrique du Nord, en 1975, ce parisien choisit de s’installer au Houga, au cœur du Gers. Il y exerce toujours 30 ans plus tard. Seul.

 

Jean-Jacques pratique encore cette médecine rurale qui fait si peur aux jeunes diplômés. Médecin pompier volontaire depuis 1975, il aurait aimé rompre cette solitude professionnelle. Une tentative d’association avorta à la veille de la signature.

 

Maintenant, à sept ans de la retraite, il a choisi de mieux s’organiser, et réussit à dégager un peu de temps... pour … chanter.

  

  Qu’est-ce qui le pousse à chanter, à diriger ?

« Je crois que c’est le plaisir de dynamiser un groupe autour d’un projet artistique commun, plaisir du beau résultat, plaisir du groupe très soudé par le travail assidu, la jouissance de l’oreille et le résultat final.

Chanter en groupe, c’est retrouver également le chemin de l’art et redevenir soi-même artiste, c’est-à-dire créateur de beau. Monter une pièce polyphonique nous plonge en effet dans une belle aventure artistique. On construit ensemble avec d’autres et pour d’autres.

Être « ensemble » c’est peut-être ce qui résume ce que nous ressentons. Former un ensemble qui fonctionne bien. S’écouter et s’ajuster. Je leur répète souvent : « Chantez moins fort. Écoutez les autres. ».

C’est là qu’est le plaisir, la justesse, l’harmonie, une forme de communion.

Il y a aussi le plaisir du puzzle, de l’assemblage, de l’alchimie. Les pupitres travaillent d’abord chacun de leur côté, sous la direction de répétiteurs. Ensuite, on assemble.

Parfois, la magie opère. J’ai appris tout seul à diriger, « sur le tas ». Ca tient peut-être à une vocation refoulée d’enseignant. J’aime faire partager ce que je connais, ce qui m’a donné du plaisir. Je retrouve ça dans mon autre passion, le sport (tennis, planche à voile, dans le temps saut à la perche). J’aime aider les gens à se perfectionner. Quelle satisfaction quand les morceaux sélectionnés leur procurent le plaisir de découvrir une mélodie, des harmonies nouvelles, l’essence de la musique derrière la partition.

C’est une forme vivante d’éducation musicale. On vit de l’intérieur comment est faite une orchestration. Aucun de mes choristes n’a une voix de soliste. Certains timbres ont des défauts. Certaines oreilles sont en difficulté. Pourtant, par le travail du groupe, on arrive à un résultat agréable. Le résultat est bien supérieur à la somme des parties !

Cette activité rythme mon temps, ponctue la semaine : recherche de partitions, harmonisation, préparation du travail et répétitions. J’y pense même entre deux malades et je travaille mes chants dans la voiture entre deux visites. Cela m’accompagne toute la semaine. C’est un stimulant, un dynamisant. C’est ma dope ! »

 

b507092751145cf45c922a952db06967.jpg