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21/01/2008

Un Belge à Khemis-Miliana : Michel Van Muylem (5)

 

En classe, ce n’est pas toujours facile. Les élèves sont souvent bruyants ! Il est vrai que, pour certains d’entre eux, rester assis pendant des heures à devoir écouter des choses qui ne les intéressent pas nécessairement, ce n’est pas évident. Ils sont donc parfois très agités et bavards. J’avoue que je ne suis pas sévère et que je n’ai pas beaucoup d’autorité. Sans doute, suis-je un peu trop gentil !

Parfois, lorsqu’ il y a trop de chahut dans une classe, le surveillant général fait sortir tous les élèves dans la cour. Placés les uns à côté des autres, chacun tend les mains, les paumes tournées vers le haut. Il commence alors à frapper avec sa règle. Les innocents comme les coupables doivent subir le châtiment. Les élèves rentrent ensuite dans la classe en se frottant les mains meurtries par les coups. Une affreuse méthode disciplinaire qui date d’un autre âge. Un souvenir marquant et douloureux.

Fort de mon expérience théâtrale, j’ai envie de proposer, à ceux qui le désirent, de travailler l’une ou l’autre petites scènes de Molière. Le directeur est d’accord. C’est une chouette idée, mais elle se révèlera vite tout à fait irréaliste. Molière !! C’est tellement étranger à eux, beaucoup trop. Pourquoi n’y avais-je pas pensé ? 

Pour l’organisation des cours, c’est un véritable casse tête. Comme il y a pénurie de locaux, une même classe doit être occupée alternativement par plusieurs groupes d’élèves différents. Par conséquent, ils n’ont qu’un horaire réduit.

Parmi mes élèves, je me rappelle surtout de ceux que j'ai conservés pendant les deux années. Il y a surtout les bons, mais aussi ceux qui se sont fait remarquer d’une façon ou l’autre. En voici quelques uns : Mohammed Ouali, Youcef Maghraoui, Mahfoud Yamouni, Les frères Benbrik, Ahmed Kebaïli, Mustapha Mehabi, Abderrahmane Boudoumi, Brahim Cherfaoui, Chehat, Ali Nasri, Trikaoui,…

J’ai repris mon vieux carnet de notes du cours d’anglais, mais je m’y perds un peu. Il y a tellement de noms ! Petite anecdote: Certains m’ont surnommé «Boualem» faisant référence à «Muylem». Cela sonne plus algérien !

Puis, petit à petit, lentement mais sûrement, mon séjour à El Khémis arrive bientôt à sa fin. Au bout de ces deux années, je n'ai pas du tout envie de retourner en Belgique. Je resterais bien encore dans ce pays où tout est encore à refaire et aimerais bien y rester quelques temps. Pourtant, je me dis que ma future vie, c’est, malgré tout, à Bruxelles que je dois la faire. Alors, comme je ne parviens pas à quitter ce pays, je décide de ne repartir que le plus tard possible et d’y rester tout l'été. Finalement, c’est avec beaucoup de regrets que je partirai, juste la veille de la rentrée scolaire de mi-septembre. Je n’aurais pas supporté de voir les cours recommencer sans que je puisse être présent.

L'année suivante, la nostalgie de ma vie en Algérie est telle que j’y retourne pour des vacances pendant tout le mois de juin. J’y retrouve avec énormément de plaisir le pays ainsi que mes amis algériens et français. C’est vrai : Je suis chez moi !

La réadaptation à la Belgique est très difficile, d’ailleurs, elle durera plusieurs années.

Pendant un certain temps, des contacts épistolaires sont entretenus avec certains anciens élèves et des amis d’El Khémis.

Michel Van Muylem (2006)

À suivre

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14/01/2008

Un Belge à Khemis-Miliana : Michel Van Muylem (4)

La Cité, où la majorité des coopérants habitent, est composée de trois grands HLM hauts de cinq étages, sans ascenseur. Elle a été construite par les français pour y loger les CRS. On l’appelle d’ailleurs encore « La Cité CRS ».

La distribution d’eau y est irrégulière, parfois, seulement quelques heures par jour. Logeant au cinquième, la première année, il me faut souvent beaucoup de courage pour monter les victuailles, surtout les bacs d’eau minérale et de bière. Et en été, je ne vous dis pas ! A cette époque de l’année, durant les grosses chaleurs, l’atmosphère est suffocante, principalement lorsque souffle le vent qui vient du désert. Il est chargé de sable. On est obligé de fermer les fenêtres. Sinon, le système est d’ouvrir les fenêtres durant la nuit pour que l’air frais puisse pénétrer dans l’appartement et ensuite les refermer, en même temps que les volets, durant la journée. 

Certaines nuits, il est très difficile de dormir. Alors j’ai trouvé un truc : Chaque fois que je me réveille à cause de la chaleur, je vais me plonger dans la mini baignoire que je n’ai pas oubliée de remplir d’eau durant les bonnes heures. Ensuite, je me recouche tout mouillé et j’essaye de me rendormir avant d’avoir séché !!

Il y a aussi d’autres désagréments dans la Cité. Les cafards. Surtout la nuit. Ils courent dans tous les sens sur le sol en faisant un petit bruit bien désagréable. Pour éviter qu’ils ne grimpent dans le lit, j’ai mis des journaux sous chaque pied. C’est efficace, mais lorsqu’ils courent dessus, le bruit augmente !  

Dans la cage d’escaliers, je croise parfois aussi un rat ! Mais de tout cela, je m’habitue assez vite !

Pendant les jours de congé, je visite parfois les environs d’El Khémis : Le barrage du Ghrib où on peut faire de super pique-niques, Miliana, aux pieds de la montagne du Zaccar,...

Je me rappelle que dans les champs, le long de la route vers Médéa, je crois, on pouvait trouver de très belles huîtres fossilisées. Y en a-t-il encore ?

Question voyages, il y a aussi ceux, moins agréables, à El Asnam, le chef lieu de la Willaya, pour surveiller les épreuves du bac ou pour obtenir les visas de sortie du pays. Parfois j’étais obligé d’y retourner le lendemain car le seul fonctionnaire qui pouvait mettre le cachet ad hoc était absent ce jour-là.      

En hiver, le temps est un peu comme en Belgique, il fait humide, il pleut, il fait froid, parfois même il neige. Et le petit chauffage au gaz de l’appartement ne suffit pas. Le sommet du Zaccar reste tout blanc pendant des semaines. Régulièrement, il y a des inondations.

Quand viennent les beaux jours, il y a Tipaza que l’on peut atteindre par la fort belle route qui passe par Hammam Riga… Le cadre de ses ruines romaines est une merveille avec cette vue sur le Chenoua décrite par Albert Camus ! Il y a aussi une très belle plage où des gosses essayent de vendre des poteries. D’ailleurs, j’ai toujours, ici à Bruxelles, des photos des ruines de Tipaza sur les murs de mon salon et des poteries sur la cheminée !

 

 

Michel Van Muylem (2006)

À suivre

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07/01/2008

Un Belge à Khemis-Miliana : Michel Van Muylem (3)

 

Certains jours, l’atmosphère de la grande ville avec son animation et ses magasins me manque. Alors, je me rends à Alger. D’abord, le col du Kandek, un ou deux tunnels creusés dans la montagne, quelques tournants, puis la plaine. La route est pleine de nids de poule ! C’est super pour les amortisseurs !

Enfin, Alger, surnommée la Blanche. Une très belle ville ! L’occasion de se promener, d’aller au restaurant, d’acheter du jambon et une côte de «halouf » (porc) !!

Mais, malgré tout, en ce début de première année, je ressens souvent le "manque" de Bruxelles et de certains amis. Si bien, qu'aux premières vacances, celles de Noël, je prends l'avion pour rentrer en Belgique. L’aéroport de Dar el Beida. La grande salle noire de monde. L’avion décolle.

À Bruxelles, je me sens un peu perdu. Tout va si vite. Le stress. Et puis, tous ces magasins débordant de marchandises, cette publicité envahissante, tout ce luxe, cette consommation effrénée… Cela m’écoeure. Bien sûr, au début de mon séjour à El Khémis, j’étais parfois frustré par certaines privations, mais peu à peu je m’y étais habitué. Je me rends compte que, tout compte fait, plein de choses ne me sont pas indispensables. J’ai découvert de nouvelles valeurs plus importantes à mes yeux : les relations, prendre le temps, être satisfait avec ce que j’ai et ce que je vis…Depuis lors, je n’ai plus jamais été un «Consommateur». Je ne prends aucun plaisir à « acheter » !

À mon retour, je me sens déjà «entre deux». D’un côté, l’Algérie, mon nouveau pays d’adoption et de l’autre, la Belgique où j’ai grandi et ai étudié.

Durant les mois qui suivront, je me sentirai de mieux en mieux en Algérie. Autant en Belgique, j’ai l’impression que tout est acquis, autant ici, tout est à construire. Et le gouvernement algérien déploie tous ses moyens pour essayer d’y arriver. 

J’aime de plus en plus ce pays et la façon d’y vivre. Elle devient un peu ma seconde patrie !

À l’école, je sympathise avec des collègues algériens, Rachid Benaziza, Maamar Beghdad et le prof de math, Mohamed Bessakria qui vient de Aïn Defla. Ils deviennent peu à peu des amis. Je me rappelle d’une virée mémorable en voiture avec eux à Oran. C’est que la deuxième année, j’avais ramené de Belgique une vieille Volkswagen Coccinelle de couleur jaune. Elle ne passait pas inaperçue ! Elle me permettra après de découvrir ce merveilleux pays : Ghardaia, la Kabylie, Biskra et les Aurès. Je me souviens avoir été bloqué par un vent de sable, je ne sais plus très bien où, sans doute au sud de Biskra, El Oued ?

Durant la période du Ramadan qui tombe, à cette époque-là, en été, j’entends chaque jour les sirènes. Elles annoncent la fin du jeûne. La première fois, je suis fort surpris : tout le monde se presse, commence à courir dans les rues. Puis, la ville est, tout d’un coup, complètement vide et silencieuse.

 

Lors de la fête du mouton, c’est la stupéfaction lorsque je découvre que des moutons sont égorgés juste en bas de mon immeuble. 

Michel Van Muylem (2006)

À suivre

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La Salle de cinéma : VOX (photo Scaff récente)

27/12/2007

Un Belge à Khemis-Miliana : Michel Van Muylem (2)


 Au fil des premiers mois, je m'habitue peu à peu à ma nouvelle vie. Les cours, bien sûr, mais aussi le quotidien. Les magasins, le marché, la nourriture. Je fais ainsi une grande découverte : les légumes changent très fort selon les saisons ! Lorsque c’est la saison des tomates, il n’y a pratiquement que des tomates, la saison des haricots, que des haricots. Il y a aussi des pénuries de certains produits, comme le fromage, les piles,…  

En face de l'hôtel Univers, se trouve l'épicerie Chabanne. On y trouve un peu de tout. Un peu plus bas du carrefour avec la route vers Miliana, une jolie petite ville située dans la montagne, il y a un marchand mozabite de couvertures de couleur. J’en achète plusieurs. Elles vont me servir de tentures et de couvre-lit.  Encore un peu plus bas, se trouve le restaurant, où, au début, je vais souvent manger. Ah ! La "chorba" !

Il y a aussi dans la rue principale, mais plus vers la gare, la librairie où parfois je peux trouver un journal belge, le marchand de meubles Kouidmi où j'ai acheté une belle table ovale en acajou, le salon de thé, le marchand de « gazouz » Belkacem ... Je vois encore tous ces lieux avec précision.  

Je vois aussi, près de la petite place, cette grande église en béton transformée en réfectoire. Il y a parfois des projections de films pour les internes. Ces élèves dont les familles habitent dans des villages assez éloignés d’El Khémis.

Mes soirées, je les passe à préparer les cours du lendemain. Parfois, je suis invité à manger chez l'un ou l'autre coopérant français avec lesquels j'ai sympathisé, par exemple les «De Frémont » et les «Picon». Ils se moquent parfois de mon accent et de certaines expressions typiquement «belges» ! Pour son boulot, Bernard Picon passe ses journées à creuser des trous un peu partout dans la plaine de Chélif...! C'est d'abord assez surprenant. Par après, il m’expliquera !  

Pour faire le ménage et le repas du midi, j’aurais vite une femme de ménage. Il est vrai que dès qu’un nouveau arrive, toutes sonnent à la porte pour être engagées. Parfois, je la croise en ville. Comme la plupart des femmes portent un voile blanc, j’ai du mal à la reconnaître. Alors, j’ai trouvé un truc : je la repère par ses chaussures !

Un soir, en rentrant de l’école, je découvre qu’elle a utilisé mon rasoir électrique…! Parfois je vais au cinéma. Il y a deux salles. Les films changent chaque semaine. Ils sont souvent pleins. Durant les séances, les spectateurs réagissent bruyamment à certaines scènes projetées. Je ne suis vraiment pas habitué !  

J'écoute aussi souvent à la radio, la chaîne "Alger 3", un programme en français qui passe de la chanson, avec aussi ses célèbres émissions de dédicaces ! Un jour, j’en entends une qui m’est adressée. Elle vient de mes élèves !

Un soir, j’entends un long grondement sourd, puis les volets de la chambre commencent à trembler. Le voisin frappe à la porte et me crie de descendre très vite les escaliers ! Plus de peur que de mal. Il est vrai que 15 ans auparavant toute la ville d’El Asnam, située à 80 km de là, avait été entièrement détruite par un tremblement de terre. D’ailleurs, elle le sera à nouveau à la fin des années 90. Le lendemain, j’apprends que l’autre Belge, originaire du fin fond des Ardennes et professeur au collège agricole, pris de panique, s’était engouffré dans sa grosse Mercédès après l’avoir bourrée de provisions. Il s’était enfui dans la montagne par  la route de Miliana ! 

 

 

Michel Van Muylem (2006)

À suivre

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Ecole et église au temps de AFFREVILLE

19/12/2007

Un Belge à Khemis-Miliana: Michel Van Muylem (1)

Préambule : Cela fait des années que j'essaye de renouer avec Khemis-Miliana et tout ceux que j'y ai connus en 1970-72. C'était toujours avec émotion et nostalgie que j'y pensais. Et voilà qu'aujourd'hui, j'y suis enfin arrivé, grâce à Internet! Alors, j'ai eu envie de raconter ma petite aventure.  

La voici, mais commençons par le début :

Je viens d’avoir 23 ans et je sors de l'Université Libre de Bruxelles où j’ai étudié le Droit.

Je dois maintenant faire mon service militaire !! Comme je n’en ai vraiment, mais alors vraiment, aucune envie, je choisis d’opter pour un service civil à l’étranger. Partir. Vivre dans un autre pays, faire cette expérience. Mais dans quel pays ? Un précédent voyage jusqu’en Afghanistan et tout ce que j’y ai vécu orientent mes choix vers un pays plutôt musulman ou «arabisant». L’Iran me tenterait bien, la Tunisie et l’Algérie également. Et pourquoi pas aussi la Turquie ? J’ai aussi envie de servir à quelque chose, d’être utile. Après avoir envoyé ma candidature pour ces différents  pays, seule l’Algérie me répond favorablement. Rendez-vous est donc pris à l’ambassade, avenue Molière à Uccle.

Dans un grand salon, je me trouve face à une commission de sélection venue spécialement d’Alger. Les membres sont quatre ou cinq. Très sérieux. «Nous pouvons vous proposer un poste de professeur d’anglais ou de mathématique ». Je suis assez surpris ! Cela tourne dans ma tête. « Je préfèrerais l’anglais » dis-je. Mais ayant perçu une certaine hésitation, un des membres me demande si je connais l’anglais ! Panique à bord. Je cherche un soutien autour de moi. Je rencontre le regard de la secrétaire de l’ambassade avec laquelle j’avais sympathisé. D’un léger mouvement de la tête, elle m’encourage à répondre positivement. Donc je réponds : « Oui ! ». Et voilà, c’est dans la poche.

Deux mois plus tard, je pars pour l’Algérie pour enseigner l’anglais. Heureusement, il s’agira d’une première année d’anglais !

Je comprendrai plus tard les raisons de cette alternative assez étonnante.

Après l’indépendance et le départ des Français en 1962, presque tous les postes d’enseignants sont vacants. Il y aura d’ailleurs pénurie pendant plusieurs années. Des professeurs vont donc être recrutés un peu partout. D’abord dans les pays francophones, mais aussi dans les pays de l’Est. Le fait de posséder un diplôme universitaire est déjà suffisant en soi, à la limite quelle que soit la matière à enseigner. Pour l’enseignement de l’arabe, les enseignants viennent d’Irak, de Syrie, d’Egypte,… On chuchotera que plusieurs d’entre eux n’ont aucun diplôme. L’un d’eux aurait même été chauffeur de taxi au Caire. 

Nous sommes à la mi-septembre. Mon avion décolle de l’aéroport de Zaventem. Une Caravelle. Après le survol de la France et de la Méditerranée, j’entrevois la côte algérienne par le hublot. Lors de mes nombreux allers-retours, j’aurai souvent cette image impressionnante, chargée d’émotion. L’aéroport de Dar el Beida grouille de monde. Je cherche un bus qui m’emmène à Alger. Je me sens un peu perdu. Arrivé dans le centre, il me faut chercher un hôtel pour passer la nuit. Les rues sont très animées. Finalement, j’en trouve un dans une des rues principales, juste au dessus d’un restaurant.

Le lendemain matin, direction la gare. Un petit train à vapeur doit m’emmener à El Khémis, la petite ville où je suis affecté. Le trajet est lent et long : 120 km. Je découvre les paysages, ils sont très beaux : la plaine de la Mitidja, les montagnes,…

Arrivé en gare d’El Khémis, je descends du train avec, dans les mains, mes deux valises et un gros sac.

Chargé comme un mulet, j’emprunte la rue principale. Au fur et à mesure que j'avance, il y a de plus en plus de monde. Les gens me regardent passer. Il fait fort chaud. Je découvre peu à peu la ville. Et dire je vais y vivre pendant deux ans ! Presque au bout de cette rue, je trouve enfin un hôtel. Il s’appelle l’«Univers». Tout un programme ! Il y fait fort sombre. C'est presque même sinistre !

J'ai rendez-vous avec l'Inspecteur de l’enseignement, le lendemain. Il s’appelle Mr Yahi. Il me fait visiter l'école où je serai professeur. Les bâtiments sont très vieux, mais juste à côté, de nouveaux sont en construction et ils seront terminés pour la rentrée scolaire prochaine.

J'aurai un logement à la Cité Emir Abdelkader qui se trouve un peu plus loin, en contrebas. Elle est dirigée par un gros monsieur qui a plein d'enfants et qui crie très fort ! On y arrive par un chemin poussiéreux, plein de pierrailles. Au cinquième étage, de la terrasse de mon appartement, la vue sur la plaine du Chélif est superbe. Ce pays inconnu me fait un peu peur.

Les jours suivants, je fais rapidement connaissance avec le «Cheik» Zerhouni (le directeur) et les autres enseignants du Collège Ben Badis : Lavallée, Bardot, Ménard et un «vieux» prof de français, Mr Orretégui. Il me parait vieux, mais c’est sans doute parce que je n'ai que 23 ans ! En fait, il n'a peut-être que 40 ou 45 ans.

Ils me parlent de la vie ici, ils m'expliquent les classes, les cours, comment cela se passe.

J'aurai environ 200 élèves ! Je suis un peu inquiet car je n’ai pas d’expérience et je ne me suis jamais trouvé face à autant d'élèves !

Première leçon, j'ai fort le trac. Comment cela va-t-il se passer? Il faut utiliser un ancien livre d'anglais qui n'est pas du tout adapté. Plus tard, il y aura un autre livre plus amusant : "Martin and Jillian". Certains s'en souviennent sans doute !

Donc, première leçon : Nr one is a..., Nr two is a... (je ne me rappelle plus) et Nr three is a bee (prononcé Zebee). Eclats de rire dans la classe. Je ne comprends pas. Plus tard, on m'expliquera pourquoi !! Ah! La langue anglaise est bien traître avec ses mots qui ressemblent parfois à certains vilains mots algériens ! Mais moi, je l'ignorais. Le lendemain, pour éviter, par la suite, de mauvaises surprises, j'ai donc appris toutes les expressions vulgaires en algérien !!

Parmi les élèves, je repère rapidement ceux qui sont sérieux et studieux et ceux qui sont dissipés et bavards. Mais dans l’ensemble, ils sont plutôt fort sympathiques. J'y reviendrai plus loin.

Michel Van Muylem (2006)

À suivre

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Gare de Khemis-Miliana (Affreville)