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01/03/2016

Abdelwaheb, l’Égyptien au Collège de Skikda

Une majorité d'enseignants viennent à présent de pays frères : Syrie, Liban, Égypte. Émerveillé, Malek découvre la riche civilisation qui est la sienne et dont la poésie, qu'il aime tant, irrigue abondamment les racines. Peu à peu, les élèves deviennent bilingues.

En ce jour de rentrée, un joyeux brouhaha règne dans la classe où, sous l'œil indulgent du surveillant, les amis se retrouvent et se racontent leurs vacances, lorsque le directeur apparaît, accompagné d'un tout jeune homme au fin visage et au regard ardent.

Comme la plupart des maîtres — on les appelle aussi « cheikh » —, il est vêtu à l'occidentale, mais, à la cravate ou au nœud papillon, il a préféré le cordon de cuir lâche « à la cow-boy ».

–    Il ne lui manque que le chapeau, glisse malicieusement Didouche à l'oreille de Malek qu'il a, bien sûr, choisi comme voisin.

–    Je vous présente M. Abdelwaheb, annonce le directeur. Il nous vient d'Égypte. Nous sommes heureux et fiers de l'accueillir dans notre établissement. Il sera votre professeur principal ainsi que celui d'arabe.

Professeur principal ? Si jeune ?

Le directeur reparti, les élèves reprennent place sur les bancs. Abdelwaheb commence par leur parler du programme, qui, l'espère-t-il, les mènera tous à obtenir leur brevet. Certains élèves bâillent déjà. Lorsque le cheikh se lève et descend de l'estrade, l'attention revient. Son regard parcourt les rangs, s'arrête un instant sur chacun, un regard éclairé par une flamme de défi que Malek croit reconnaître.

  • Certains d'entre vous s'intéressent-ils au théâtre ? lance-t-il de but en blanc.

 

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La même bourrasque qui, un jour de rentrée à l’école primaire, avait propulsé Malek au tableau pour y dessiner son oiseau le soulève. Il crie

–    Moi, maître !

Un rire court dans la classe. Il redouble lorsque, dans la foulée, Mahmoud et Didouche lèvent la main : on n'en attendait pas moins des trois mousquetaires.

–    Eh bien, voilà un bon début ! constate le maître avec humour.

Lorsqu'il apprend à ses élèves qu'il a l'intention de monter une pièce à laquelle participeront les filles du lycée voisin, toute la classe se porte volontaire. Mais quand il ajoute que les répétitions seront prises sur les jours de congé et qu'en aucun cas le théâtre ne devra être prétexte à négliger le travail, un certain nombre de mains retombent

Enfin, il révèle aux lycéens le nom de la pièce choisie On ne badine pas avec l'amour, du poète Alfred de Musset.

Puis il retourne à son bureau : assez « badiné », il est temps de sortir livres et cahiers.

 

Malek

Janine BOISSARD

Éditions Fayard
2008

 

Pages 119-121

 

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