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02/07/2010

Dominique HENRY, au service de l’Église d’Algérie

 

Ensemble solidaires et serviteurs : mission auprès de l’Eglise d’Algérie

 

Aide à la restauration de la basilique St Augustin d’Hippone à Annaba. (en 2006 ?)

 

Dominique HENRY, coopérant en Algérie avec sa femme et responsable de la restauration de la basilique, est venu mardi 27 janvier dernier nous exposer les enjeux de ce projet.

 

 Il a d’abord retracé l’historique de cette basilique consacrée en 1900. Déjà vers 1880, des paroissiens de St Augustin avaient apporté leur aide pour sa construction et avaient reçu en remerciement la colonne d’Hippone qui se trouve dans notre église.

 

Cette basilique est le seul lieu de culte pour tout le diocèse de Constantine et d’Hippone (grand comme deux fois Rhône-Alpes). Elle est visitée à 99 % par des Algériens qui sont très fiers de ce patrimoine. C’est une Algérienne musulmane qui en fait la visite. Tout près de la basilique se trouve une Maison des Petites Soeurs des Pauvres qui héberge les personnes âgées les plus défavorisées d’Annaba.

 

Elle est en très mauvais état, elle n’a pas été entretenue depuis sa construction, faute de moyens. Le dôme et le toit sont fissurés, les vitraux retraçant le vie d’Augustin et des premiers martyrs algériens sont en grande partie cassés, le plafond à caissons, les façades extérieures et le décor sont également très abîmés.

 

ANNABA_ST-AUGUSTIN_2005-3_ph-orgue.algerie.jpg

 

Le coût de la restauration est estimé à 3 millions d’euros : 1/3 sera assuré par un financement public , 1/3 par un financement privé, mécénat d’entreprise et le dernier tiers par l’Eglise, des communautés religieuses, des paroisses...

 

Derrière ce projet architectural, se trouvent d’autres enjeux : le destin de l’Eglise d’Algérie, les relations entre l’Eglise et la société algérienne (de nombreux liens se tissent grâce à ce chantier avec les pouvoirs publics, la presse, la culture ; une école de formation aux métiers du patrimoine sera créée pour de jeunes Algériens).

 

L’Eglise d’Algérie a besoin de notre aide.

 

SOURCE :

 

26/06/2010

Francis PORNON, coopérant et auteur

 

Né à Limoux en 1942, il vit à Toulouse.

Après des études à l'Ecole Normale d'Instituteurs puis à l'université de Toulouse, il publie ses premiers poèmes.

Coopérant en Algérie après l'indépendance comme professeur de philosophie, il exerce ensuite les métiers d'animateur socioculturel, de professeur de techniques d'expression et d'enseignant en lycée dans divers lieux de France.

Il a écrit des poèmes, des contes, des spectacles théâtraux, des  romans dont "Algérie des sources" et récits historiques, des nouvelles, essais, chansons et animé des ateliers d’écriture. Il s'essaie au roman noir avec Saône interdite (« Le Poulpe »), et poursuit dans le genre en entamant une série de polars toulousains : Toulouse barbare et Explosif et vieilles ficelles.

 

PORNON-Francis_Algerie-des-sources.jpg

 

19/06/2010

L’amorce de la Coopération franco-algérienne (Maurice FLORY) 2

 

Au bout d’une période de trois années à compter de l’autodétermination, c’est-à-dire le 30 juin 1965, il sera possible de savoir combien de Français de statut civil de droit commun ont demandé à acquérir la nationalité algérienne par une demande d’inscription ou de confirmation de leur inscription sur les listes électorales. Il y a tout lieu de penser, à la lumière de l’évolution récente, que la colonie européenne d’Algérie diminuera encore sensiblement jusqu’à cette date, et que parmi ceux qui resteront la plupart demanderont à bénéficier de la convention d’établissement prévue dans la troisième partie de la déclaration des garanties.

Parmi les différentes déclarations qui constituent les grands axes des futures relations entre la France et l’Algérie, il en est d’ores et déjà qui paraissent compromises, d’autres dont la mise en œuvre reste à l’état d’ébauche, d’autres enfin qui paraissent avoir pris un bon départ.  La logique de la décolonisation veut qu’à côté de liens acceptés, voire désirés, il en soit de difficilement supportés car condamnés à brève échéance par les exigences de la souveraineté politique. C’est le cas en tout premier lieu pour le maintien, même provisoire, d’une armée étrangère. Le gouvernement français l’a compris dans la mesure où il mène à un rythme accéléré l’évacuation des forces françaises en Algérie et semble vouloir devancer les délais prévus qui douze mois après l’autodétermination prévoient la réduction des effectifs militaires français à 80000 ( ?) hommes. En revanche, des difficultés se sont manifestées au mois d’octobre à propos de l’installation de l’armée française au Rocher Noir dans les bâtiments administratifs qu’occupait l’Exécutif provisoire. Il était facile d’imaginer les réactions que devait entraîner en 1963 l’utilisation de la base d’In Ekker pour des expériences atomiques et la concession à bail de la base de Mers el Kebir pour 15 années risque de faire rapidement l’objet d’un nouveau contentieux. 

La coopération technique par la mise à la disposition de l’Algérie, dans la mesure des moyens disponibles, d’agents français ne s’amorce que lentement. La période de mars à octobre constitue une véritable cassure qui a privé l’Algérie de la continuité de la collaboration française dont le Maroc et la Tunisie ont pu bénéficier au moment de leur indépendance. Peu de Français d’Algérie ont accepté de reprendre sur place et sous l’autorité algérienne leurs fonctions administratives et techniques ; il a donc fallu faire appel à un apport frais de la métropole qui, à la fin de l’année 1962, restait extrêmement faible. Environ 18 000 Français servent actuellement en Algérie, mais le plus grand nombre relève de la branche la plus florissante de l’assistance technique : l’enseignement, qui dispose à lui seul d’environ 10 000 professeurs ou instituteurs au titre de la coopération technique et 3 000 au titre de l’office culturel.

Il semble que la coopération relative à la mise en valeur des richesses du sous-sol du Sahara se soit mise en place rapidement et conformément aux prévisions. Il paraît en aller de même sur le plan économique et financier, encore qu’il soit trop tôt pour en juger à la fin de 1962 ; c’est le 12 novembre seulement que s’est opérée la séparation des deux Trésors et que les nouveaux organismes financiers algériens ont commencé à s’installer.

Si prématurée que puisse être une description de la coopération technique franco-algérienne à quelques mois de l’indépendance et à plus forte raison un jugement de valeur, il apparaît cependant déjà que les accords d’Evian sont mal adaptés à une situation très différente de celle qu’avaient prévue les négociateurs. Dès le 9 novembre, le Président Ben Bella exprime en termes nuancés l’idée qu’il faut reconsidérer ces accords à la lumière des réalités nouvelles : « Les accords d’Evian ne doivent pas constituer une fin en soi. Ils ne doivent pas constituer un goulot d’étranglement pour notre développement. Les accords d’Evian ont été bénéfiques pour les deux pays, mais qu’il soit clair qu’ils sont perfectibles et qu’ils doivent être adaptés à la réalité. II faut qu’ils permettent de construire l’avenir de l’Algérie dans la justice sociale pour tous les Algériens de toutes origines. Il n’est pas question de bousculer les étapes, de rayer d’un trait de plume ce qui a été signé par le Gouvernement français et par notre gouvernement. II faut être sage mais convenir que les accords doivent être adaptés. »

 

Maurice FLORY 

CHRONIQUE DIPLOMATIQUE

 

Fin 1962

Pages 422-425

 

Algérie_Gouvernement-1962_H-Boumedienne+A-Ben-Bella+A-Bouteflika.jpg
Gouvernement-1962 dont H.Boumedienne, A-Ben-Bella et A-Bouteflika

12/06/2010

L’amorce de la Coopération franco-algérienne (Maurice FLORY) 1

 

Destinés d’abord à régler les trois étapes qui conduisent à l’indépendance, les Accords d’Evian posent aussi les grands principes de la future coopération entre les deux Etats. On y trouve des dispositions de deux sortes : les unes s’apparentent étroitement aux accords classiques de coopération technique et plus précisément aux conventions signées entre la France d’une part, le Maroc ou la Tunisie d’autre part ; les autres, qui constituent l’élément original de ces accords, définissent le statut des Européens.  Les accords d’Evian reposent en effet sur une hypothèse, celle de la réconciliation franco-algérienne à partir de ce qui fait la difficulté majeure du problème, la population de souche européenne. Si les Français avaient été moins nombreux et plus récemment implantés, ils se seraient sans doute vu proposer le statut d’étranger comme au Maroc et en Tunisie. Dès 1954, le F.L.N. déclarait : « Tous les Français désirant rester en Algérie auront le choix entre leur nationalité d’origine et seront, de ce fait, considérés comme étrangers vis-à-vis des lois en vigueur, ou opteront pour la nationalité algérienne et, dans ce cas, seront considérés comme tels en droits et en devoirs. »  Evian vient confirmer cette possibilité d’option : les Européens se voient offrir avec un délai de réflexion de trois ans, le choix entre deux statuts, dont celui de l’intégration dans la nation algérienne. Ce qu’escomptait le G.P.R.A., il est d’autant plus difficile de le dire que l’équipe gouvernementale actuelle est complètement renouvelée. En revanche il semble possible de définir le double espoir sur lequel repose la position française : les dirigeants algériens acceptent d’accueillir au sein de la nouvelle nation les Européens fixés en Algérie et de coopérer avec la France ; de leur côté, les Français d’Algérie se laisseront convaincre par les nouvelles autorités algériennes qu’ils peuvent conserver dans ce pays une place convenable.  On espère ainsi que l’intégration de nombreux Français dans la nation algérienne renforcera les liens entre la France et l’Algérie et facilitera la coopération technique entre les deux pays.

 

 

L’originalité d’Evian est donc de reposer sur une hypothèse optimiste concernant les Européens d’Algérie : on cherche à leur donner la possibilité d’échapper à la logique normale de la décolonisation en s’intégrant à la nouvelle nation algérienne. Or à la fin de l’année 1962, quelques mois après les accords d’Evian, il ne reste plus que 150 000 Français en Algérie, moins qu’au Maroc après sept ans d’indépendance.

 

 

Comment expliquer cette fuite ? Ceux qui ont vécu dans la hantise du F.L.N. jusqu’au cessez-le-feu ont peine à admettre une négociation où triomphent maintes thèses du G.P.R.A. et supportent mal de se placer loyalement sous l’autorité de l’organisation si âprement combattue la veille. Par ailleurs, jouant la politique du pire, l’O.A.S. ruine autant qu’elle le peut, jusqu’au référendum, les chances d’une intégration à la nation algérienne.  Passés la période transitoire et le référendum d’autodétermination, la situation ne s’est pas éclaircie pour autant. La carence gouvernementale a prolongé l’insécurité et l’absence de garanties. Au moment psychologique où les Européens avaient le plus besoin d’être rassurés, exactions, enlèvements, spoliations se succèdent sans recours possible.

 

 

L’attrait d’avantages matériels aurait pu aider cette difficile reconversion.  Mais l’affirmation de l’unité du peuple algérien interdisait tout privilège et toute garantie organique. L’Algérie aux Algériens et à tous les Algériens quelle que soit leur origine affirme une stricte égalité entre tous, mais ne présente aucun attrait pour les Européens et ne les incite pas particulièrement à devenir membre d’une nation dans laquelle ils constitueront une minorité sociologiquement en marge de la communauté musulmane. Beaucoup d’Européens ont au contraire tout intérêt à rester Français et à exercer leur fonction en Algérie au titre de l’assistance technique, ce qui leur assure des avantages infiniment plus sérieux. Outre les considérations politiques, le marasme économique dans lequel entre l’Algérie contraste avec la prospérité que connaît la France et plus généralement l’Europe des Six ; la richesse sera plus attirante que la misère. Le niveau de vie des Européens pose d’ailleurs de délicats problèmes. Les étrangers qui vivent en Algérie, ceux notamment qui y serviront au titre de l’assistance technique auront naturellement des conditions de vie comparables à celles de leur pays d’origine nettement supérieure à celles de l’Algérie. Ce qui est normal dans ce cas risque de ne plus être considéré comme tel lorsqu’il s’agit de Français devenus Algériens. On cherchera à réduire le déséquilibre qui existe entre deux catégories d’Algériens par des mesures qui entraîneront vraisemblablement un alignement sur le niveau inférieur. Le déséquilibre apparaîtra alors entre deux catégories de Français, les uns servant sous le régime de l’assistance technique avec un standing confortable, les autres devenus Algériens se trouvant alignés sur les traitements en vigueur dans le pays. La réduction irréversible de l’implantation française en Algérie transforme fondamentalement les conditions d’une coopération qui dès lors éprouve de grandes difficultés à se mettre en place dans un cadre inadapté.  Les garanties prévues pour une importante minorité paraissent moins nécessaires pour une population qui ne se distingue plus guère de celle qui existe dans les autres pays du Maghreb. Ce qui ne dépendait que des Français, telle l’Association de sauvegarde prévue dans le chapitre III de la déclaration des garanties fonctionne ; la Cour des garanties tarde en revanche à se constituer.

 

 

 

Flory Maurice - Mantran Robert_Les Régimes Politiques Des Pays Arabes_1968.jpgMaurice FLORY

 

CHRONIQUE DIPLOMATIQUE

 

Fin 1962

 

 

Pages 422-425

 

 

05/06/2010

La décolonisation de l’Algérie (Maurice FLORY)

 

 

Pour le F.L.N. l’Algérie a juridiquement fait sa rentrée dans la vie internationale dès le 19 septembre 1958, date de la création du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne, effectivement reconnu entre 1958 et 1962 par une trentaine de pays.

L’existence de ce gouvernement algérien ne facilite pas la négociation amorcée depuis de longs mois déjà entre la République française et le Front de Libération Nationale. Les deux parties sont en accord sur l’essentiel mais, faute de se reconnaître, il leur est impossible de se rencontrer et de s’entendre officiellement. L’ingéniosité des diplomates finit par trouver l’expédient qui permet une rencontre matérielle : une région frontalière qui laisse les Algériens se présenter comme Front de Libération Nationale sur le sol français et comme Gouvernement provisoire sur le sol suisse. Mais cet artifice ne vaut que pour la phase de discussion ; il reste à s’entendre sur la mise en place d’un organe accepté par les deux parties et qui ne peut être le G.P.R.A. directement. Or cela suppose que le Gouvernement provisoire consente jusqu’à l’autodétermination à reconnaître en Algérie un autre pouvoir que le sien.

Six mois après Lugrin de nouveaux contacts s’amorcent. Le 10 janvier 1962, le G.P.R.A. réuni au complet à Mohammedia (Maroc) publie un communiqué qui constitue le premier indice de la relance attendue. Les pourparlers reprennent secrètement le 11 février, sont interrompus le 18 pour permettre aux négociateurs de rendre compte du côté français au Conseil des Ministres et du côté F.L.N. au C.N.R.A. réuni à Tripoli pour la circonstance du 22 au 27 février. La négociation se poursuit officiellement à Evian le 7 mars pour aboutir le 18 à la signature des Accords d’Evian. Ces textes disparates poursuivent un triple objectif : le cessez-le-feu, l’indépendance, la coopération. Pour y parvenir les deux parties finissent par trouver un accommodement ; sur le fond, satisfaction est donnée au F.L.N. sur presque toutes ses exigences; mais pour les mécanismes qui doivent permettre de réaliser les objectifs prévus, ce sont les thèses françaises qui sont finalement adoptées : le principe de l’autodétermination reste intact et constitue le pivot de la mutation ; jusqu’au jour où la population algérienne se sera prononcée, la France reste pleinement souveraine, refuse de reconnaitre le G.P.R.A. et persiste à considérer comme un geste inamical toute reconnaissance du Gouvernement provisoire par un pays étranger.

Pour assurer la difficile transition qui doit conduire à l’indépendance et déboucher sur la coopération trois mécanismes vont être mis en place : le premier assure la fin des hostilités, le second réalise ce tiers pouvoir indispensable pendant la période intermédiaire, le troisième est l’autodétermination proprement dite.

L’accord de cessez-le-feu en Algérie est placé non pas au niveau des gouvernements, mais à celui des militaires ; il s’agit d’une de ces conventions entre combattants auquel le droit international reconnaît une valeur juridique.  Si la République française se refuse à admettre l’existence du G.P.R.A.  en droit, elle reconnaît en revanche de façon très nette par cet Accord la belligérance en Algérie.

Pour permettre la réalisation du référendum d’autodétermination, il est créé en Algérie un Exécutif provisoire qui durant la période comprise entre les accords d’Evian et le référendum se voit attribuer la gestion interne de l’Algérie. L’autorité souveraine reste celle de la République française qui conserve notamment la politique étrangère, la défense et la sécurité du territoire, la justice, la monnaie, les relations économiques avec l’extérieur et le maintien de l’ordre en dernier ressort. La nomination de l’Exécutif provisoire ne peut appartenir qu’à la puissance souveraine en Algérie, c’est-à-dire au Gouvernement français qui y procède par un Décret du 6 avril 1962 ; mais la composition en est trop importante pour n’avoir pas fait l’objet de négociations avec le F.L.N. et d’un dosage très étudié.  Pour séparer l’Algérie de la métropole après des liens vieux de 130 ans, il fallait une procédure qui tienne compte à la fois des revendications nationalistes et des exigences démocratiques de la France. L’Autodétermination, c’est pour les nationalistes l’accès à l’indépendance et pour la France l’application du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Au niveau des principes l’accord pouvait donc se faire sur cette base ; il restait à l’organiser concrètement. Le principe de l’autodétermination avait été massivement approuvé dès le 8 janvier 1961 par plus de 15 millions de voix contre à peine 5 millions. Après les accords d’Evian l’autodétermination entre dans la voix des réalisations et il parait alors logique de distinguer deux groupes de populations également intéressées qui vont être consultées distinctement.  C’est l’Algérien qui s’autodétermine, c’est donc à lui et à lui seul qu’on demandera s’il veut devenir algérien ou rester français ; mais le métropolitain est aussi concerné par cette décision dans la mesure où elle risque d’amputer le territoire français de quinze départements et la nation française de dix millions d’habitants. Les accords d’Evian entraînent donc deux consultations.  Dès le 8 avril la métropole répond oui à la politique d’Evian par 90,70 % des suffrages exprimés et 64,37 % des inscrits. L’organisation du référendum en Algérie ne pouvait se faire dans des délais aussi rapides ; à Evian les deux parties s’étaient entendues sur la mise en œuvre de l’autodétermination et sur une solution unique en faveur de laquelle elles doivent faire campagne.  Mais il était nécessaire que la clarté et la sincérité de la consultation ne puisse être contestées ; d’où un règlement négocié à Evian mais formellement promulgué par le Gouvernement français par un décret du 19 mars. La révision les Listes électorales, la réglementation de la campagne électorale, les opérations de contrôle sont confiées à des organes désignés par l’Exécutif provisoire et, qui participent donc par définition de la confiance des deux parties. L’Exécutif provisoire fournit au Gouvernement français le texte d’une question qui reçoit approbation de celui-ci et est publié au J.O.R.F. du 9 juin 1962 : Voulez-vous que l’Algérie devienne un Etat indépendant coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962 .  Le 1er juillet 6 017 800 votants sur 6 549 736 inscrits expriment 5 992 115 suffrages dont 5 975 581 oui, contre 16 537 non. La solution d’Evian obtient donc 91,23 % des inscrits et 99,72 % des suffrages exprimés.  La puissance souveraine n’a plus qu’à tirer les conséquences de ces résultats. Le Général de Gaulle s’y emploie dans la déclaration du 3 juillet 1962 portant reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie : Par le référendum du 8 juillet 1961, le peuple français a reconnu aux populations algériennes le droit de choisir leur destin politique par rapport à la République française. Par le référendum du 8 avril 1962, le peuple français a approuvé les déclarations gouvernementales du 19 mars 1962, qui prévoient le cas où les populations algériennes consultées en vertu de la loi du 14 janvier 1961, choisiraient de constituer 1’Algérie en Etat indépendant coopérant avec la France. Par le scrutin d’autodétermination du 1er juillet 1962, le peuple algérien s’est prononcé pour l’indépendance de l’Algérie coopérant avec la France. En conséquence, les rapports entre la France et l’Algérie étant désormais fondés sur les conditions définies par les déclarations gouvernementales du 19 mars 1962. ; le Président de la République française déclare que la France reconnaît solennellement l’indépendance de l’Algérie. Dès lors 1’Algérie devient indépendante sous le nom de République algérienne démocratique et populaire. Elle rejoint dans la souveraineté les deux pays frères qui l’ont précédée de six ans et ont réussi tout en maintenant des liens étroits avec la France à lui assurer un soutien inconditionnel. Rien ne s’oppose désormais à ce que le Gouvernement français reconnaisse le G.P.R.A. Sur la base des Accords d’Evian, la coopération peut s’organiser officiellement entre les autorités françaises et le F.L.N.

 

 

FLORY-Maurice_Méditerranée, espace de coopération.jpgMaurice FLORY

Auteur de "Chronique diplomatique"

 

Pages 420-422