17/12/2009
Trouvé au hasard (Philippe BOUCHERON)
« Trouvé au hasard, ce site par jour de pluie (jour du net).
Simplement pour dire que ca m’a plu !
Ancien coopérant de 1969 à 1971 à Borj-Mira, ( entre Bougie et Sétif ) dans un Centre de formation professionnelle agricole dont les Pères-Blancs étaient à l’origine.
Salutations »
Philippe Boucheron
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11/12/2009
Pierre BOISSON, Conseiller à l’Industrialisation
Né le 25.05.1935
1962-1967 Coopérant en Algérie :
Conseiller du Directeur de l'Industrialisation
Ingénieur général des mines
Membre du Conseil Général des Mines
Ancien élève de l'Ecole Polytechnique (promotion 1955)
Ancien élève de l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris (promotion 1958).
Pierre Boisson a exercé au service des mines de Béthune de 1960 à 1962, puis a travaillé de 1962 à 1966 au titre de la coopération avec l'Algérie sur les problèmes de développement industriel au sein de la Direction de l'Industrialisation du Gouvernement Algérien. De retour en administration centrale, au ministère de l'Industrie, il a occupé divers postes dans le secteur des matières premières minérales, avant d'être nommé Secrétaire Général de la Direction de la Technologie, de l'Environnement Industriel et des Mines (1976).
Affecté au BRGM, il a occupé les postes de Directeur du développement et de Directeur Général de Coframines de 1977 à 1981.
Directeur Général des Stratégies Industrielles en 1981, au ministère de l'Industrie, il sera nommé en octobre 1982 à la présidence de l'ERAP (Entreprise de Recherches et d'Activités Pétrolières), où il reste jusqu'en 1994. Dans le cadre de ces fonctions, il eut notamment à conduire l'intervention de l'ERAP dans le développement du Nickel Calédonien.
Depuis cette date, il appartient au Conseil Général des Mines. En avril 1996, il a été chargé de la présidence de la commission de l'énergie 2010-2020 au Commissariat au Plan. Dans le cadre des actions conduites par le Comité du Fonds de Soutien des Hydrocarbures, il préside le COPRU en charge des opérations concernant les moteurs, le raffinage, la pétrochimie.
10:22 Publié dans 1-PREMIERS CONTACTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook
06/12/2009
SE PLAINDRE, ALGÉRIE (André CORTEN) extrait 5
Un jour, face à ce mal-être, la guerre a éclaté. Des massacres ténébreux ont aspiré la population dans une spirale démentielle, sur fond de manipulation de services secrets et de retour d'Afghanistan. Au moins toute la décennie 1990. En 1975, ce mal-être était déjà là, mais il ne portait pas encore de nom. Objet de plaintes et de lamentations, il avait cependant un débouché. La société était corps caporalisé ; chacun de ses membres avait droit à une demande. L'ancien combattant (le moudjahid) pouvait se plaindre et demander ; le travailleur rural, certes déraciné mais attaché à la ferme « autogérée », avait en principe voix au chapitre ; l'étudiant avait son déversoir d'idéal dans l'encadrement de la révolution agraire ; le travailleur d'usine revendiquait à travers son syndicat. Jusqu'aux femmes, à qui était donné un espace de parole pourvu qu'elles s'expriment comme mémoire de la terre et du sang. Le manque du citadin comme le dénuement du travailleur rural, le suprême horloger les assemblait dans un rouage du parti, de la wilaya*, de l'État, de la charte**, de la Constitution***, des syndicats, des organisations de masse. Avant même que ce mal-être ne soit identifié, il était formulé par un responsable du parti ou de l'État. Les Algériens n'avaient pas eu le temps de donner à ce manque un nom. Un nouvel État s'était constitué, il distribuait de l'emploi sous-payé et souvent peu productif, mais il en distribuait beaucoup, il mettait dans la bouche de chacun une demande toute faite. Pas plus qu'au père nourricier on ne reconnaît à l'État nourricier l'autorité de la loi. On s'attend néanmoins qu'il vous entretienne.
À l'époque, l'enseignant étranger se voyait refuser le droit de faire une quelconque recherche de terrain, il ne pouvait pas non plus consulter des statistiques de première main. Il assistait aux réunions de département, mais sans prendre part aux décisions. Il n'était pas rare qu'un agent de la sécurité militaire assiste à ses cours. Légère paranoïa. À vivre jour après jour, saison après saison — humidité des logements en novembre, neige mythique sur la montagne escarpée de l'Aïdour, matins de ramadan aux haleines rêches, aridité estivale et poussière de terre rouge —, on restait l'étranger. Chez l'autre, on ne sentait pas non plus d'apaisement poindre. Au contraire, montait lentement, mais avec âpreté, le mouvement islamiste. Celui-ci aura finalement raison de l'enseignement des sciences sociales en français (et des enseignants francophones, qui partiront) après la mort de Boumediene en 1978. Ainsi l'observation participante se fait, mais elle se fait dans une constante étrangeté. À la réflexion, celle-ci traduit ce rapport d'exil chez soi qu'on remarque auprès des étudiants, auprès des collègues algériens, auprès des commerçants qu'on côtoie... Et de quelques connaissances faites au hasard, malgré la ségrégation imposée. À force de vivre avec eux. Cinq années.
*. Division administrative de l'Algérie (NdE).
**. Le président Houari Boumediene et le Front de libération nationale (FLN, parti unique) suscitent, dans les organes officiels, un grand débat autour d'une charte nationale, adoptée finalement par référendum le 27 juin 1976.
***. La deuxième Constitution de l'Algérie est adoptée par référendum le 10 décembre 1976.
Planète Misère (André CORTEN)
08:44 Publié dans 2-SOUVENIRS, SOUVENIRS ... | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook
01/12/2009
SE PLAINDRE, ALGÉRIE (André CORTEN) extrait 4
Oran l'hiver : pluie, grisaille, suintement. Mais dès février, la lumière prend l'éclat de promesses sans fin. Couleurs surexposées. Clarté plus crue qu'à Tipaza. À Arzew, odeur tenace d'hydrocarbures. Le ciel est d'une blancheur opaque. À Oran, des tas d'ordures brûlent. Depuis longtemps, la saleté urbaine n'est plus mélangée à la senteur de l'anisette. Les façades ne laissent même pas filtrer le vin qu'on boit en cachette et les bars clandestins ne se laissent pas facilement débusquer, même à Oran, ville pourtant réputée moins sévère. La rudesse est là, qui tranche avec le charme ondoyant du Maroc voisin. Rudesse qui trouve un équivalent dans la crudité de la lumière. Équivalent dénaturé. Les genêts fleurissent sur écran d'azur, mais s'y accrochent des papiers, des déchets qui virevoltent dans l'air sec. Les noces entre le soleil et la mer célébrées jadis ressemblent désormais à une carte postale salie par les intempéries. L'imaginaire des « noces » qui pouvaient motiver au départ le coopérant n'est plus. Il a quitté son univers fait d'emploi du temps routinier. Il n'est pas non plus celui du vieil Oranais ni celui du nouveau venu, encore encombré dans ses valises en carton. Le fantasme de douceur infinie est définitivement révolu. Comme si l'Algérien nouveau était en porte-à-faux avec la splendeur du paysage. Ce qui fait sa nature, c'est le manque, le manque d'espace pour se loger, le manque de produits de la terre, le manque de produits manufacturés. Le manque d'intimité des corps entassés. Dans La Chute, Camus parlait de « malconfort ».
Planète Misère (André CORTEN)
20:06 Publié dans 2-SOUVENIRS, SOUVENIRS ... | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook
25/11/2009
SE PLAINDRE, ALGÉRIE (André CORTEN) extrait 3
Quand on sort d'Oran, qu'on longe la corniche et le port de Mers el-Kébir, on arrive aux plages – les femmes s'y baignent tout habillées. On peut aussi se rendre à Tlemcen et sa mosquée du XIIIème siècle. De couleur ocre, le sanctuaire garde dans ses ruines la lumière des oliviers. On peut aussi emprunter la route de l'Algérie en modernisation. La ville d'Arzew, port gazier et pétrolier, est mangée par l'immense zone industrielle et par les HLM en construction. À perte de vue, une forêt de tuyauteries cyclopéennes ! Grâce aux explications fournies par le journal El-Moudjahid, je distingue dans ce débordement de métal et de fumée les grandes composantes du site : les trois complexes de GNL (gaz naturel liquéfié), les deux complexes de séparation du GPL (gaz de pétrole liquéfié) ainsi que la raffinerie et le combinat pétrochimique de méthanol et de résine. Dans cet alignement de réservoirs et d'installations de liquéfaction, de raffinage et de transformation, l'Algérie se profile déjà comme le grand exportateur mondial de gaz, desservant l'Europe et les États-Unis. Arzew est devenu un des plus grands ports méthaniers du monde. Sur l'ancienne route nationale 4, les usines manufacturières sortent de terre. L'Algérie est un immense chantier de l'« industrie industrialisante »*
Tel s'exprime l'imaginaire de l'Algérie socialiste : construire des usines, rassembler les travailleurs récemment arrachés à leurs champs, les mettre en contact avec les machines. Le travailleur stakhanoviste va sortir tout cuirassé de la rencontre entre machines et bras ! Machines encore importées, mais que l'industrie industrialisante va bientôt dessiner et fabriquer sur place, bras encore noués au labeur de la terre et qu'on croit pouvoir fixer du jour au lendemain en prolongement des pistons et des cylindres. À défaut d'avoir pensé aux nouveaux rapports sociaux, l'espace est prévu pour le travail, les hangars sont pimpants. Pour l'après-travail, c'est moins certain. Le parti FLN** ne laisse néanmoins pas les bidonvilles ronger l'accès aux boulevards. Les travailleurs doivent se loger là où on a prévu de les placer. Mal prévu. Résultat, ils sont cinq par chambre.
Une nouvelle fois, peut-on dire qu'on souffre ? Tout s'est passé tellement vite. On manque de tout, mais avec la « révolution agraire », on s'est convaincu que l'avenir n'est plus dans les campagnes. On arrache les vignes... L'Algérie qui vivait naguère selon les usages du nomadisme vit désormais selon les usages du convoi de personnes déplacées. Beaucoup d'hommes célibataires, les femmes sont restées derrière. Ce n'est pas l'émigration en France, où la coupure est plus radicale en même temps que plus chargée d'imaginaire. Même si rapidement vient se coller à la peau l'étoile du paria. Pour le migrant de l'intérieur, vient s'infiltrer dans l'odeur des vêtements humides la sensation d'un exil chez soi.
* L'expression a été popularisée, à partir de 1966, par l'économiste français, Gérard Destanne de Bernis, un des conseillers les plus écoutés des planificateurs algériens.
** Front de libération nationale, fondé en 1954 (NdE).
Planète Misère (André CORTEN)
09:24 Publié dans 2-SOUVENIRS, SOUVENIRS ... | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook