Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/04/2012

Témoignage envoyé par Frère Alain STEINBACH (1)

        Cher Monsieur,

    J’ai été en effet, Coopérant en ALGERIE (je n’accepte pas le qualificatif de “pied rouge” qui n’a pour moi aucune raison d’être ! ni pied-noir, ni pied vert, ni pied rouge,... mais si certain(e)s aiment ce qualificatif et s’il représente quelque chose pour eux, je n’y vois aucun inconvénient !).

  C’était du temps du Président Houari BOUMEDIENNE, au Cours de Rattrapage de Belcourt (à ALGER), rue Nacira Nounou (pas très loin du Jardin d’Essai,) dirigé par RAMDANE (membre du F.L.N.) et par le Père Pierre LAFITTE. Nous occupions une ancienne salle de cinéma et ses annexes. Nous n’avions pas de cour de récréation sinon la rue et en 2 ans nous faisions 2 niveaux (6ème/5ème) puis (4ème /3ème). Nous ne donnions comme cours que maths, français et arabe (profs Syriens essentiellement). Nous avions des classes de plus de 40 élèves qui étaient en cours de rattrapage pour avoir été renvoyés d’autres établissements scolaires pour des raisons de manque de travail, ou de discipline ou de problème de santé. La 1ère année, le lundi, j’avais 8 heures de cours : 4 heures de maths et 4 heures de français dans 2 classes différentes (le nombre de classes était limité du fait de l’exiguïté des locaux !) ; j’en sortais “lessivé” ! J’ai fait ma coopération au lieu du service militaire (étant licencié en droit international), de septembre 1973 à fin juin 1975.

Alger-Belouizdad_Rue Nacera Nounou_2008-03.jpg

   Étant un Cours de rattrapage, nos élèves étaient en général très difficiles (n’est-ce pas KHENNOUCHE (17 ans), alors que j’en avais 25/26), mais j’ai gardé un souvenir excellent de ces 2  années à ALGER. Hamid DJOUADI qui habitait une bicoque dans une sorte de bidonville Bld. Cervantès a commencé à manquer ; je suis allé le supplier presque à genoux, alors qu’il jouait au foot, de revenir au Cours de Rattrapage. Sa soeur en a eu tant de reconnaissance qu’elle m’a envoyé de magnifiques cartes de voeux jusqu’en 2000 ! Mes parents venant en ALGERIE vers avril 1974 (lors de la mort de G. POMPIDOU que nous avons apprise à CONSTANTINE ) et avril 1975, ont été reçus “royalement” par les parents de “mon” élève Yacine EL AMRANI qui , lui-même, est venu spécialement en FRANCE , pour ma Profession Perpétuelle de Religieux, à St-ETIENNE, en juin 1985 ; il a passé 8 jours chez mes parents (dans le Val d’Oise !) où, pour pouvoir prier, il faisait ses ablutions, et le vendredi, je l’ai accompagné à la Grande Mosquée de PARIS. Dès les premiers jours de chaleur, vers avril,  j’entendais rituellement des élèves qui me disaient : “Monsieur, ... le sang !” : un élève qui perdait du sang par le nez (anémie, ...), et un autre qui devait l’emmener à la fontaine !

   Ce furent certainement les meilleures années de ma vie ... Cette beauté à couper le souffle, de l’ALGERIE ... toutes ses fleurs de toutes les couleurs  dans les champs que nous ramenions, vers le mois de mars chez nous pour les mettre dans des vases. J’ai eu l’immense chance de pouvoir parcourir (surtout avec mes parents qui louaient une voiture !) l’ALGERIE dans tous les sens – éblouissement des Aurès – CONSTANTINE , les ruines romaines grandioses de DJEMILA , TIDDIS , TIMGAD , etc. – TIPASA si chère à Albert CAMUS (mon écrivain préféré – un homme incompris et pourtant qui proposait des solutions raisonnables, celles d’un homme de paix soucieux de la justice !) , TLEMCEN , ... et puis l’envoûtant SAHARA d’EL OUED à TIMMIMOUN , de OUARGLA à GHARDAÏA , ... et le 27/12/1974 , la messe de Noël , à l’Assekrem dans le Hoggar , après avoir fait de la Land-Rover et 3O Km. sur le dos d’un dromadaire avec Francis FAVRESSE , un autre coopérant , et un Tourareg ... BEJAIA – ex-BOUGIE (et l’église en train d’être transformée en mosquée !) , la KABYLIE – la pluie sur BLIDA , et la neige obligeant à rebrousser chemin avant de pouvoir arriver en deu-deuch à CHREA .... ORAN, ... Je suis allé à Thibirine et j’ai pu visiter une nouvelle mosquée à MEDEA. On a dû rebrousser chemin avant BISKRA du fait des inondations ... . EL ASNAM, BOUIRA, TIARET, etc.

   L’accueil des Algériens m’a beaucoup touché. J’y suis retourné en août 1988 pour le mariage de YACINE, mais j’ai eu très mal de constater combien la situation s’était dégradée dans une ville comme ALGER (dans le plus grand magasin de la rue Ben M’Hidi (ex-rue d’Isly), très difficile de trouver un pot de confiture !) au point de vue économique, etc. ... J’ai logé rue Ben Cheneb, à l’endroit même où Frère Henri VERGES et la Petite Soeur Paul-Hélène ont été assassinés le 8 mai 1994 (les 1ers d’une longue série dont les 4 Pères Blancs de TIZI-OUZOU, les moines de Tibhirine, et enfin Mgr. CLAVERIE !) .

   Pays enchanteur que l’ALGERIE qui occupe une grande place dans mon coeur, où j’ai passé les meilleurs années de ma vie, ... mais aussi pays tragique et très douloureux qui me fait lire tous les livres paraissant actuellement sur les drames avant l’Indépendance et après (et regarder les émissions à la télé sur la “GUERRE D’ALGERIE”!), avec les points de vue très opposés. Combien je comprends la souffrance de ceux qui ont dû quitter l’ALGERIE ! Combien je comprends ceux qui ont voulu une réelle justice ! Que de rendez-vous manqués ! Quel gâchis final pour nos pays ! Quelle honte pour la FRANCE qui n’a rien su gérer ni pour les Algériens, ni pour ceux qu’elle avait envoyés là-bas (les Pieds-noirs), et au surplus le drame des Harkis, ... !

    

   Chers élèves de Belcourt (BELLILI, LEMOU, etc.), je vous porterai toujours dans mon coeur, surtout vous Hamid et Yacine !

    

     Amicalement.

     Frère ALAIN

 

 

Commentaires

c'est des gas comme vous que j'aimerais voir et fréquenté chez nous mille bravos pour ce que vous avez fait et réaliser en Algerie

Écrit par : abdelli | 07/04/2012

chacune de vos phrases font ressurgir le passé puisque nous étions ,mon mari et moi en Algérie à cette époque!comme vous ,l'Algérie garde une grande place dans mon coeur!avec une immense émotion je l'ai retrouvée l'été passé ainsi que mes amis et anciens élèves!voyage passion!

Écrit par : jacquemin | 07/04/2012

vous savez je deteste ce qualificatif comme autant pied noir j'ai eu un enseignement complet de la part des cooperants français pandant les annees 70, c'etait vraiement magnifique jai de la nostalgie en rememorant cette epoque,
nous avons des profs français et algeriens qui etaient à la hauteur de leurs taches et c'est grace à eux que l'algerie allait prendre elan,ils nous donnaient un enseignement digne de ce nom, ils ont formé des bacheliers, ingenieurs mondialement reconnu malheureusement le systeme n'a pas besoin d'eux, il les a poussé à la porte pour servir d'autres nations et on parle de la fuite des cervaux celà me donne des nausées bref.Je saisis l'occasion pour rendre hommage à mes profs je cite "monsieur Frik, Aiche,Medani et son epouse, haouchine, Caillebot, Mme Daltrey, Mme Blanche,Mlle abdenouri etc...pour ceux qui ne sont pas de monde que leur ame repose en paix.
à travers ce blog je vous remerci Monsieur Alain vous m'avez fait rajeunir de 40 ans.

Écrit par : boubekeur rachid | 07/04/2012

APPEL INTERNATIONAL A TÉMOIGNAGES:

Un excellent article est paru dans le quotidien francophone Algérien "LIBERTÉ".

Le journaliste (A.A.) qui a un grand talon a en plus entamé un ouvrage au sujet de Monsieur FRIK, bachelier, option "philosophie" en 1945 et ancien élève-maître à Bouzareah avant d'être instituteur puis adjoint pendant et après l'époque coloniale à l'École Gambetta de Tiziouzou.
Après l'indépendance il fût professeur l'École Jean Maire qui devint le collège Féraoun à Tiziouzou aussi.

Vous trouverez l'article via Internet sur le journal Algérien francophone "LIBERTÉ" du 29/05/2012 + culture + reflet culturel + " à propos des personnages atypiques dans notre société" (Monsieur FRIK).

Vous pouvez dès à présent envoyer vos nombreux témoignages à cette adresse e-mail:

ao1977@hotmail.fr

Nous comptons tous et toutes, anciens élèves, anciens parents d'élèves, ami(e)s, collègues (...) contribuer par nos témoignages pour la réalisation d'un ouvrage (qui sera traduit en plusieurs langues) au sujet de Monsieur FRIK.

Nous devons rendre hommage à cet illustre et honorable baron tranquille qui était le Père de l'enseignement du français en Algérie.

MERCI INFINIMENT POUR VOTRE COLLABORATION.

Écrit par : Abdennour | 02/06/2012

trés cher Alain ce fut un plaisir de te lire et de savoir que tu vis encore en mon nom je te souhaite tout le bonheur du monde ,je ne sais si tu te souviens encore de nous la famille rahai avec le père Ramdane et ses premiers enfants mohammed et hamid;dans lAttente d'une réponse.

Écrit par : rahai mohammed | 05/12/2012

Bonjour,
Vous citez Francis FAVRESSE dans votre récit. Je pense qu'il pourrait s'agir de mon père, malheureusement décédé depuis.

Bien cordialement

Philippe FAVRESSE

Écrit par : FAVRESSE | 30/01/2015

Les commentaires sont fermés.