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02/12/2010

Venu pour un service civil, il est resté 42 ans (Pierre LAFITTE)

 

 

Venu à l’âge de 25 ans pour un service civil, il est resté 42 ans !

“L’Abbé Pierre” algérien vient de nous quitter

 

De son Saint-Jean-de-Luz, village côtier du Pays basque, il est venu dans les années 70, effectuer un service civil caritatif en Algérie. À Belcourt, au 41 Boulevard Nécira-Nounou, et c’est là que je l’ai connu, dans sa paroisse dirigée par l’abbé Scotto, une association de quartier s’y était installée pour donner des cours du soir, à titre bénévole, aux enfants de Belcourt. Il en était le directeur, mais balayait après les classes. Ammi  Ramdane ne cessait pas de le taquiner, et Niaf, l’ours blanc, essayait en vain de lui arracher des mains ce foutu balai. Étudiant, je donnais des cours de français en échange d’une chambre. Le dimanche, Tahar  Djaout venait nous voir et on parlait de l’Algérie et de l’Algérie. Qu’il aimait comme on aime un premier amour.

 

Pierre LAFITTE_ph-Mohamed RAHAI_1965.jpg

 

Il m’a connu célibataire, il a été témoin de mon mariage. Il a fait visiter le château de Versailles à ma fille dans sa poussette, elle a aujourd’hui 30 ans. Elle a fait ses premiers pas chez lui, puis s’est abonnée à la bibliothèque de médecine à la rue Zabana, vingt ans après.

 

Après la fermeture de l’école de rattrapage de Belcourt, Pierre Laffitte est parti enseigné à Mahdia, dans la wilaya de Tiaret, les mathématiques. Deux ans après, il a travaillé à la bibliothèque du CCU, à la rue Hamani (ex-rue Charras), avec Carmen qui nous gavait de lait au chocolat avant de rejoindre l’amphithéâtre d’en face et affronter Benachenou ou un autre prof.

 

Ensuite, il s’est consacré corps et âme à la bibliothèque de médecine de la rue Zabana. Il se faisait acheter par des âmes charitables un exemplaire de livre qu’il reproduisait à souhait sur sa photocopieuse inusable pour ses étudiants, aujourd’hui professeurs de médecine. La dernière fois que je l’ai vu, il y a exactement une année, il m’a avoué qu’il connaissait 56 professeurs et maîtres assistants qui sont passés chez lui, et qu’il a été invité au mariage de 34 d’entre eux.

 

Le temps passe vite. Je l’ai invité pour une réception le 28 novembre, c'est-à-dire dimanche dernier. Il n’est pas venu. Il était hospitalisé. Et il vient de nous quitter.

 

 

 

Repose en paix. Pierre.

 

Outoudert ABROUS

Liberté

2 décembre 2010

 

Commentaires

Je suis très émue ce matin d'avoir appris le décès de l'abbé Pierre que j'ai connu il y a de cela quelques années lorsque j'étais encore étudiante en médecine.
J'adresse mes sincères condoléances à sa famille et ses collègues du CCU.
Repose en paix.

Écrit par : naila | 02/12/2010

Repose en paix Pierre ; si, aujourd'hui, je suis arrivé à ce que je suis c'est grace à toi mon cher Pierre. Moi je t'ai connu, j'avais à peine 09 ans ; c'était la première fois que tu débarquais en Algérie et cela en 1963 ; tu as trouvé en nous, la famille Rahai, une deuxième famille et nous, nous t'avons accueilli à bras ouverts avec mon père : Ammi Ramdane (comme les gens l'appellent), feu Jean Scotto, feu Larbi Touat et beaucoup d'autres personnes; vous avez réussi à rendre le sourire à pas mal de jeunes qui avaient été exclus du système scolaire de l'époque.
Merci encore Pierre pour tout ce que tu as donné à l'ALGERIE TON PAYS.
Que DIEU LE MISERICORDIEUX AIE PITIE DE TON ÂME.

Écrit par : rahai | 02/12/2010

C'était mon directeur à l'école de rattrapage de Nassira Nounou ; j'avais 14 ans en 1964 et si j ai réussi mon certificat de fin d'études et puis si j'ai réintégré le cycle normal jusqu’à la fin de mes études sup en sport , et bien c 'était grâce à ce grand Monsieur !
Je garde une très bonne image de Mr Pierre comme on l’appelait. Des milliers d'enfants Algériens ont connu la réussite scolaire grâce à lui après l'échec et l’exclusion des écoles de l’Etat.

Ton élève que tu as connu à l'âge de 14 ans : aujourd’hui j'en ai 53 et je réside en Irlande.

Pierre, repose toi en paix.

Écrit par : Maguella | 02/12/2010

C avec beaucoup de tristesse que je te dis adieu Pierre, saches que tu me manquera affreusement, que chaque fois que je franchirai la porte du CCU, je jetterai un coup d'oeil la ou je te trouve habituellement dans l'espoir de te voir.

Je t'ai connu il y a 5ans déjà, j'étais en 1ere année pharmacie, t'as su nous guider avec Nadia dans nos premiers pas, mercii pour tes conseils, pour ton soutien, pour ta gentillesse et ta générosité.

Reposes en paix...

Écrit par : YasPharma | 03/12/2010

C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris le décès de notre très cher Pierre. Il était d'une très grande gentillesse et sympathie, toujours là pour conseiller , orienter et guider les étudiants. Le domaine bio-médical vient de perdre un de ses pilliers.
QUE DIEU LE MISERICORDIEUX TE BENISSE ET T'ACCUEILLE DANS SON VASTE PARADIS;
Repose en Paix , Pierre.

Écrit par : Said | 03/12/2010

j'ai appris ton départ exactemement à 10 heures aujourd'hui le 03/12/2010 .J'ai pleuré toutes les larmes de mon àme, oui pierre de mon àme car quand j'étais étudiante en médecine ,ta bonté,ton dévouement ,ton humanité ,ton éternel sourire .......tout ça est resté gravé au plus profond de mon àme.Je ne t'oublierai jamais.J'avais prévu de te rendre visite lors de mon prochain séjour à Alger, mais le destin en a décidé autrement.

ADIEU PIERRE,tu resteras à jamais dans mon coeur.

Écrit par : nadia | 03/12/2010

Cher Pierre,
Tu m'as guidé et éclairé, à la fois, grâce à toi j'y suis arrivé, rien que pour cela je t'exprime ma vive gratitude.
Pierre tu es un grand homme.
Repose en paix.

Écrit par : bengue | 03/12/2010

Pierre, tu me manques énormément
Je te connais depuis 12 ans déjà : je suis venue étudier à Alger ma médecine ; je ne connaissais personne ; ma sœur m'a inscrit au CCU et là vous m'avez accueillie avec votre grand sourire toi et nadia et petit à petit ça devenait mon cocon familial au CCU
Tu m'as guidé pour reviser ; tu m'as présenté des personnes ; j'y ai trouvé des amis
Je t'ai presenté mon ami qui est devenu mon époux
et chaque moment important de ma vie je l'ai partagé avec toi et toute l'équipe :
mes réussites, mes échecs, mon mariage ...
Quand j'avais besoin de me confier, tu devenais mon confident
Tu as pris une place si importante dans ma vie
Je regrette de ne pas avoir plus profité de ta présence
Repose en paix

Écrit par : Karima | 03/12/2010

C'est avec une grande tristesse que j'ai appris le décès de notre très cher professeur et bibliothècaire Pierre,,,,,,,

Il avait une patience et une gentillesse incroyable,,,,,

je ne trouve pas les mots,,,,,,,,

Repose en Paix , Pierre

Écrit par : Chérifa | 09/12/2010

RECIT DE MONSIEUR PIERRE LARROQUE.
La première fois que je suis venu en Algérie c’est au mois de Juillet 1964, amené par Pierre Lafitte. qui était déjà venu en 1963. Dès l’indépendance, l’Association d’éducation populaire de Belcourt s’était mise en place avec Larbi Touat, Ramdane Rahaï, père Scotto et bien d’autres que l’on rencontrait le soir en dégustant un « créponé »…Il y avait Mustapha Azoune, M. Meguerba, Slimane Achour…et d’autres… Des plus jeunes aussi : Aliouat, Mustapha…
Nous arrivions en stop du pays basque jusqu’à Marseille et nous faisions la traversée en 4° classe… Pendant un mois d’été nous donnions des cours de vacances à des enfants du quartier, dans des locaux plus ou moins improvisés (l’ancienne église, les anciennes salles paroissiales, un ancien magasin qui le soir servait aux réunions de quartier etc…) Le soir nous donnions des cours à des adultes qui venaient après le travail… Il y avait toute une vie sympathique boulevard Nécira Nounou… Le dimanche on circulait dans la camionette de Ramdane pour découvrir les alentours… On découvrait un bouillonnement intense… Des habitants qui discutaient des affaires du quartier… Des citoyens qui descendaient du trottoir pour serrer la main au policier qui faisait la circulation dans un uniforme tout neuf
Le mois de juillet 1964 a passé très vite… Nous avons été volontaires pour revenir en juillet 1965 dans les mêmes conditions et l’ambiance a été la même… Fin juillet 1965 en revenant à Marseille le voyage a été secoué par la tempête, tout le monde voulait débarquer rapidement… Les policiers français nous ont reçus à la matraque !... « Allez, toi !... montre tes papiers !... » « oh pardon vous êtes français !... »
Pierre lafitte dispensé de service national (pupille de la nation) est resté fin juillet à Belcourt pour préparer notre venue en septembre 1965 pour 2 ans
L’association d’éducation populaire avait trouvé un besoin urgent dans le quartier de prendre en compte les garçons de 14 à 18 ans dont la scolarité avait été perturbée pendant la guerre et qui devait laisser la place dans les écoles aux jeunes qui arrivaient L’association avait imaginé de prendre ces adolescents et en un an leur faire passer le certificat d’études ou l’entrée au collège technique…

Écrit par : Rahai Mohammed | 19/12/2010

A partir de septembre 1965, avec Pierre Lafitte, nous étions à pied d’œuvre pour les cours de rattrapage… Nous étions au service de l’association d’éducation populaire de Belcourt. Ils avaient repéré qu’après l’âge de14 ans beaucoup de jeunes étaient dans la rue, sans occupation, car dans les écoles, il fallait laisser la place aux enfants qui arrivaient en nombre. L’objectif ambitieux était de leur faire passer le certificat d’études ou l’entrée au collège technique en une année !...
Pour cela, nous prenions 35 élèves le matin et 35 autres l’après midi, tous des garçons de 14 à 18 ans… La méthode était intensive, mais la volonté de la plupart des jeunes l’était aussi. Je me souviens que pendant les vacances de Pâques, un jeune a pris le célèbre livre de Bled et en quelques jours il en a fait tous les exercices à la maison…Les moyens pédagogiques à notre disposition n’étaient pas nombreux : il y avait le magnifique livre de Mouloud Ferraoun pour le français. Pour l’histoire et la géographie, voulant sortir des anciens manuels qui parlaient de « nos ancêtres les gaulois », nous découpions dans le quotidien « El Moujahid » des cours prévus pour la formation d’adultes. Les problèmes de discipline étaient rares et rapidement réglés par Ramdane Rahaï « Ammi Ramdane »… Pour apprendre à rédiger des récits, nous les invitions à observer la vie autour d’eux : « Racontez la visite dans la famille au bled… », « Racontez la soirée à la maison au moment de la rupture du jeûne… ». Il y en avait un à qui je demandais souvent de mettre par écrit la traduction des contes que sa grand-mère disait le soir. Je les avais gardés précieusement mais je les ai perdus au cours d’un déménagement…Je ne me rappelle plus les résultats à la fin de l’année, mais je crois me souvenir qu’ils étaient bons
Avec le soir les corrections et les préparations de cours, il ne restait pas beaucoup de temps pour des loisirs… Pourtant 2 soirs pas semaine nous avons suivi des cours d’arabe littéraire… J’ai encore mes cahiers et mes livres que j’arrive très difficilement à déchiffrer 45 ans après !... Nous allions parfois à la cinémathèque d’Alger. Nous avons passé un W.E. extraordinaire aux Ouahdias en Kabylie, dans le silence de la montagne qui contrastait avec le bruit de Belcourt… Il y avait aussi les grandes parties de belote avec comme enjeu un créponé… (a suivre)

Écrit par : Rahai Mohammed | 19/12/2010

pourrais- je avoir les coordonnées de Maguella celui qui a écrit sur Pierre Lafitte le 02-12-2010 pour le contacter et lui dire que si maintenant il a 53 ans il ne pouvait pas avoir 14 ans en 1964,parce que si il avait 14 ans en 1964 en principe il doit étre né en 1950 ce qui veut dire qu'il a maintenant 60 ans.

Écrit par : Rahai Mohammed | 19/12/2010

les faits que je viens de mettre sur votre blog concernant le défunt Pierre Lafitte sont autenthiques,il est venu en 1963 et non pas en 1970 et il est résté 47 ans c'est à dire le jour de son dècés,les deux récits de Pierre Larroque sont la pour certifier.rendons à Pierre ce qui appartient à Pierre.

Écrit par : Rahai Mohammed | 19/12/2010

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