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11/03/2008

L’évolution de mon travail de coopérant (Bruno GUILLAUMIE)

Bruno Guillaumie a travaillé pendant dix ans en Algérie dans le domaine de la formation maritime. Il est actuellement chargé de formation à l’Association pour le développement des activités maritimes (CEASM).

"J’ai énormément appris avec cette expérience. Je suis arrivé en Algérie frais émoulu de l’école, à 21 ans avec un DEA (Diplôme d’Etudes Approfondies)et deux diplômes d’ingénieur. J’étais donc très jeune et très entier. La différence d’âge avec les élèves était subtile. J’ai été affecté à l’école de Beni Saf et j’ai du apprendre l’arabe parce que la plupart de mes élèves n’étaient pas bilingues. J’ai aussi appris à ramender avec les collègues algériens puis français, j’ai appris tout ce qu’un patron de pêche doit savoir. Ayant eu la chance d’avoir un directeur qui a parié sur moi, un très bon meneur d’hommes, j’ai appris avec lui à "manager" une équipe et les rudiments de la diplomatie. Au bout de deux ans, je me suis retrouvé seul coopérant du secteur des pêches en Algérie sans programme de coopération précis avec une ambassade qui ne me suivait pas particulièrement, faisant ce que je voulais mais n’ayant pas d’aide. J’ai essayé d’aider avec ce que je savais et on m’a progressivement demandé de plus en plus de choses. Ainsi, j’ai eu pendant trois ans la responsabilité pédagogique de trois écoles. J’ai également eu à former les responsables administratifs aux principes de la comptabilité publique. Il a donc fallu que j’apprenne à coordonner une équipe administrative, ensuite une équipe informatique quand on a informatisé les écoles, et une équipe pédagogique. A chaque fois, il fallait que je transfère mes connaissances que j’avais développées sur le tas à un collègue pour qu’il me remplace dans une section en tant que professeur principal, directeur administratif, responsable informatique ou directeur des études. J’ai donc mis en place des bureaux ou des services, j’ai recruté et formé mon remplaçant. A chaque fois, j’étais chargé de la coordination du groupe et, progressivement, je reculais en grade. C’étais normal, j’avais fait mon travail, mis en place un système et ce n’était plus à moi de prendre des responsabilités, je me mettais en retrait. J’avais alors plus un rôle de conseiller. Vers la fin de mon activité en Algérie, j’allais beaucoup plus vers les professionnels pour les aider à régler leurs filets, je suivais plus les élèves qui avaient des projets. Quand j’ai eu terminé de créer la nouvelle section de patrons côtiers, que j’ai eu formé mes remplaçants, j’ai demandé à rentrer en France parce que prendre d’autres responsabilités aurait sous-entendu de passer à un stade supérieur impliquant nécessairement de prendre la nationalité algérienne. Quand je suis parti, j’avais 30 ans, les élèves que j’avais suivis en avaient 25, ils étaient devenus des hommes. Moi aussi.

Je suis rentré dans un pays que je n’ai pas reconnu, où les gens d’une même classe d’âge restaient entre eux à la différence du Maghreb. Ce manque de communication entre les générations oblige à redécouvrir la roue, à réinventer ce qui a été fait avant. Cela pose de plus en plus de problèmes. L’expérience que j’ai acquise en Algérie me sert au CEASM qui mène un programme de coopération avec ce pays. Ma connaissance des lieux, des hommes, de la culture est très utile. Depuis mon retour, j’ai donc organisé des stages en France pour des administrateurs et des professionnels algériens. Cela m’a permis de remettre le pied dans le milieu professionnel français que j’avais quitté.

J’ai vécu ma mission d’assistance technique en Algérie en essayant de ne pas me rendre indispensable." *

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* Entretien réalisé en 1996 par Sophie Nick au CEASM dans le cadre de la capitalisation d’expérience de cette association.

Source : CEASM (Association pour le Développement des Activités Maritimes) - Paris - FRANCE

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