Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/12/2007

Témoignage de Henri AMADÉI

Vos informations sont justes, j'ai été "coopérant civil" à l'Université d'Alger de septembre 1969 à juillet 1979, pendant dix années universitaires :

  • en faculté de Médecine-Pharmacie (en 1ère année de médecine puis en 1ère et 2ème année de Pharmacie - chimie et chimie organique)*
  • en faculté des Sciences,
  • à l'ENP Ecole Nationale Polytechnique d'El Harrach (département Génie Chimique, cours de Chimie Organique)*
  • occasionnellement à l'USTA Université des Sciences et Techniques d'Alger (dans la Mitidja) pour suppléer au départ d'enseignantEs algérienNEs appeléEs sous les drapeaux juste après la rentrée universitaire (armée toute puissante en Algérie)

 

Pédagogiquement, j'ai souvent tiré de grandes satisfactions d'étudiantEs souvent très motivéEs, acceptant volontiers des exigences de travail importantes : souci d'avoir des diplômes ayant une validité comparable à celle des diplômes de pays dits développés (le nif , fierté ...), mais aussi perspectives d'emplois dans un pays manquant cruellement de diplômés.

 

Syndicalement, j'ai exercé des responsabilités dans l'APES Association Professionnelle de l'Enseignement Supérieur (SNESup en Algérie) à partir de 1972 ou 73 environ. J'ai eu l'occasion d'être témoin de grèves importantes (d'étudiantEs dans l'université, journée(s) de grève totale de tous les transports en commun de l'agglomération d'Alger, tracts et AG des personnels de l'université d'Alger, interdiction de la FTEC-UGTA Fédération des Travailleurs de l'Enseignement et de la Culture de l'Université d'Alger, ... dont nous connaissions évidemment des militantEs - avec des précautions).  

 

En 1975 et 76, par exemple, à l'occasion des débats sur un bilan d'une réforme universitaire (semestrialisation, découpage en modules semestriels, répétés à plus faibles effectifs l'autre semestre, avec prérequis ou non, ...), nous avons vivement été sollicités de participer aux discussions (tout particulièrement par des représentantEs étudiantEs qui souhaitaient la participation d'enseignantEs osant porter un regard critique, positif et négatif, sur ces réformes, sur le bilan de divers enseignements, y compris les nôtres, ... ).

 

Suite à l'incendie du bâtiment de Chimie de l'USTA (conçu par un prestigieux architecte international, à grands frais et en dépit du bon sens), nous avons été invités à examiner attentivement les conditions de sécurité des bâtiments d'enseignement supérieur où nous exercions, et l'avons fait sans aucune réserve.

 

Dans l'APES, d'autres camarades nous reprochaient un manque d'indulgence "pour un jeune pays" . Les collègues algérienNEs avaient heureusement un point de vue différent, nous disaient qu'ils appréciaient nos critiques (positives et négatives d'ailleurs), et n'auraient pas aimé une pseudo-indulgence teintée de paternalisme.

 

Nous avons, à plusieurs reprises, organisé des manifestations suivis d'occupations de locaux dépendant de l'ambassade de France (mission culturelle, paierie générale de France) sur diverses revendications :

  • contre l'interruption des processus de titularisation en coopération (textes non respectés, commissions interministérielles non réunies pour examiner les dossiers),
  • droit au logement (Coopérants civils, mais aussi VSNA et contractuelLEs non-algérienNEs),
  • salaires versés trop tardivement aux contractuelLEs étrangerEs (des collègues algérienNEs, payéEs plus tard encore, assistaient avec intérêt à ces AG - mais nous ne pouvions pas, nous non plus, intervenir pour elles et eux : FTEC-UGTA, dissoute à une époque).
654c2b292e5126e43b22be2df6480d1a.jpg

 

 

Ayant la chance d'habiter dans un immeuble d'Alger occupé majoritairement par des algérienNEs (rue Didouche Mourad, ex rue Michelet), j'ai participé aux réunions d'habitantEs de l'immeuble (80 logements), ai même fait partie du conseil d'immeuble (sollicité : volonté d'au moins un membre étranger - succédant à un Égyptien dans le même esprit) et connu des relations de voisinage normales.

 

Dans l'ensemble, j'ai gardé de mes dix années de travail et vie en Algérie d'excellents souvenirs sur le plan des relations humaines et d'un esprit d'hospitalité et de fierté.

 

Amitiés. Henri Amadéi

 

* Des fascicules de cours, de travaux dirigés et de travaux pratiques ont été tapés, reproduits et diffusés aux étudiantEs par mes soins : de mes enseignements en pharmacie, mais aussi à l'ENP d'El Harrach.

 

Par la suite, les deux tomes de mon cours de Chimie Organique à l'ENP (dépt. Génie Chimique) ont été édités par la SNED (Société Nationale d'Edition et de Diffusion) pendant des années : je l'ai appris indirectement par des doctorantEs algérienNEs venuEs compléter leurs recherches au laboratoire de l'UJM St Etienne, qui voulaient voir "l'auteur" de ces livres (la SNED ne m'en avait pas avisé).

6a837a950750fb4857d85acac5a75dbb.jpg

 

 

Les commentaires sont fermés.