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07/05/2010

De Tiaret à Dieppe (Michel COULON)

 

L’HISTOIRE DE LA CIGOGNE « LONG-BEC »

 

   En 1969, Frédérique fréquentait l’école maternelle de Tiaret. Son institutrice était madame Massane. Un jour, le papa de l’élève Saïd apporta une cigogne blessée ; avec une fronde, des gamins lui avaient fracturé une aile.

      La maman de Saïd avait plâtré l’aile. Les élèves installèrent la cigogne dans la cour de récréation, et lui apportèrent de la nourriture tous les jours : viande, sardines etc.… Elle était très vorace. Ils la baptisèrent Long-Bec.

   Quelques jours plus tard, la partie de l’aile blessée tomba. Le papa de Catherine qui était vétérinaire dit qu’elle était guérie, mais qu’évidemment elle ne pourrait plus voler. Elle fit bien des tentatives, mais sans succès, et resta définitivement au sol.

    Lorsque les grandes vacances arrivèrent, il ne resta plus personne pour s’occuper de Long-Bec. Madame Massane demanda aux parents de Frédérique qui avaient un jardin et qui restaient sur place jusqu’en Août de s’en occuper. Long-Bec passa donc l’été dans le jardin, mais la famille déménageant sur Béthioua (ex St Leu), elle suivit.

    Fin Août, la famille rentrant définitivement en France, Frédérique et son frère ne voulurent pas abandonner Long-Bec. Le vétérinaire lui fit un certificat prouvant qu’elle était en parfaite santé et à jour de ses vaccins. On lui fit tresser un énorme panier avec couvercle, lui permettant de respirer. Les policiers algériens d’abord réticents, mais émus par la peine des enfants, la laissèrent finalement embarquer sur le paquebot où elle devint l’attraction du bord. À Marseille elle gagna la gare sur le toit d’un taxi. Long-Bec fut sans doute l’une des rares cigognes à faire Marseille-Paris dans le Mistral* !

      Le trajet Paris-St Nicolas près de Dieppe se déroula sans problème, et elle fut installée dans un jardin à la campagne. Elle y vécut en compagnie d’un jeune berger allemand. Chaque matin, elle venait réclamer son repas en frappant du bec sur la vitre de la porte d’entrée. Quand elle n’était pas rassasiée elle allait chaparder quelques morceaux dans la gamelle du chien qui grognait mais finissait toujours par reculer, impressionné par les battements de l’aile valide et surtout par les claquements de bec. Les deux animaux vivaient ensemble sans problème. Long-Bec passa tranquillement l’hiver, logée, nourrie, intrigant pas mal de monde qui la prenait parfois pour un objet en plâtre car elle restait de longs moments immobile sur une patte.

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       Cette situation aurait pu continuer longtemps si, une personne voulant sans doute empoisonner le berger allemand, n’avait pas jeté des boulettes de viande, c’est bien sûr Long-Bec très vorace qui les a avalées. Elle mourut en quelques jours, au grand désespoir de la famille et surtout des enfants. La famille se mit en quête d’un taxidermiste, qui après quelques réticences accepta de la naturaliser. Depuis, Long-Bec est toujours présente sur son socle de bois (un peu poussiéreuse) chez les parents de Frédérique.

* ancêtre du TGV

 

13/02/2008

Roger, un coopérant de cinéma dans "La Folle de Toujane"

 

 

Roger est breton, taciturne et rêveur. Il ne reprendra pas la terre, au désespoir de ses parents, mais il ne veut pas pour autant quitter le pays. En attendant sa nomination d'instituteur, il passe plusieurs jours avec Gwen, son amie d'enfance, "parisianisée" et contaminée par la ville. Elle souhaite vivre avec lui, mais loin de la pauvreté, là où, pense-t-elle, l'argent coule à flot, là où l'on peut réussir et vite.

 

Pour oublier cet amour impossible, Roger demande et obtient un poste en Tunisie. Il est envoyé à Toujane, un petit village en plein bled. Les premiers contacts s'avèrent difficiles avec une population secrète, aux coutumes et aux usages différents des siens, mais, petit à petit, et grâce à son bon sens, sans se faire totalement admettre, Roger est quand même accepté. À Paris, Gwen fait carrière dans une station de radio, et s'installe dans le confort et la facilité. En Tunisie, l'armée pourchasse les "rebelles". Le pays tout entier est secoué par la guerre. Roger n'a pas d'opinion, il enseigne, se fiant davantage à son instinct qu'à un programme défini, ce qui lui vaut la réprobation de l'administration qui l'éloigne pour quelques mois. À son retour, les choses et les gens ont changé. La pacification n'a pas abouti. La France se retire de la Tunisie.

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Roger devient coopérant! En Algérie, la guerre fait rage. Le mari et les enfants d'une ancienne élève sont massacrés là-bas. La jeune femme revient au village, traumatisée, et se terre dans une caverne. Roger tente de l'apprivoiser, mais elle se méprend sur ses intentions et se jette d'une falaise. La communication ne s'est jamais établie. Roger quitte définitivement Toujane pour l'Algérie. Dans un maquis des Aurès, il n'enseigne plus, il soigne et tente de comprendre ceux qui œuvrent pour la libération de leur pays.

 

Quelques mois après l'indépendance, Roger rentre définitivement en Bretagne après une absence de dix ans. Les paysans acceptent avec résignation leur pauvreté. L'extension d'un camp militaire sert de prétexte à Roger pour leur faire prendre conscience de leurs droits. Il est vivement critiqué. Par défi et sans souci des interdictions, il pénètre dans un terrain militaire. Une mine explose, Roger est déchiqueté. À Paris, Gwen songe à s'acheter un vison.

 

 

Synopsis du film "La Folle de Toujane" (1973) René Vautier, Nicole Le Garrec

Sorti en France en 1974 
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Gilles SERVAT dans le rôle de Roger !

09/07/2007

Jean-Philippe BRETTE et ses ″Souvenirs d'Algérie heureuse″

Jean-Philippe Brette est écrivain mais aussi et avant tout Médecin.  

Médecin coopérant en Kabylie de 1982 à 1984, l'auteur a été profondément marqué par ce séjour et par sa rencontre avec les habitants de cette région. J.-Ph. Brette réussit brillamment un exercice périlleux : le mélange des genres, car à travers une dizaine de récits qui ressortissent à la fois du document vécu et de la poésie, il parvient à communiquer sa fascination nostalgique pour des personnes qui lui ont inspiré amour ou amitié - et pour une terre forte mais si féminine dans sa manière de capter les émotions. "

 

EXTRAIT DU DOSSIER DE PRESSE :

De 1982 à 1984, Jean-Philippe Brette fut médecin coopérant en Algérie, un "médecin captif, prisonnier de légendes... un rêveur". Il a sillonné le pays de dispensaire en dispensaire et prescrit des ordonnances. Rédigés dans un style télégraphique afin de capter au vol les impressions les plus fugaces, ces "Souvenirs" restituent le climat embaumé de la Kabylie, le scintillement de ses feuillages, la terre ocre et poudreuse qui aurait enflammé le peintre Corot, les après-midis alanguis de chaleur, les parties de carte dans les arrière-salles, l'attente du soir et de l'autre, dans "ce pays couvert de cimetières qui donnent l'envie d'y mourir. Dans la beauté. Dans l'ombre de l'olivier. Dans la voûte étoilée". (M.S., "L'événement du jeudi", 10 au 16 juin 1993)

 

" L'ouvrage "Un retour à l'Algérie Heureuse" que l'auteur présente comme un voyage ethnographique à la rencontre des tradipraticiens de Kabylie - entre Timezrit, Chabet-el-Ameur, Bordj-Menaïel, Tademaït et Drâa-el-Mizan... - relate ses souvenirs, ces retrouvailles avec ce pays, ses gens et ses amis... Plus qu'un reportage ou un récit de voyage, Un retour (...) est un livre d'images que l'on peut voir mais aussi sentir sous ses pas, avec l'auteur, le coriandre, le safran, la menthe, le romarin... Les odeurs de la terre et du ciel... L'odeur du sang...

"Une oeuvre difficile" prévient l'auteur. Mais une fois que vous aurez franchi ce pas sans porte, sans doute vous laisserez-vous éblouir par ce texte-image qui plonge ses racines dans le "Pays des Tribus" ("bilâd leqbayel"), si profondément que l'on retrouve Homère. (...)

 

EXTRAIT DE L'OUVRAGE :  

Avril 1992.

Ce soir là, entre Alger et Tizi...

L'autoroute paraissait verser,

Basculer doucement dans la terre d'Algérie,

S'enfoncer dans un pays sans âge.

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24/07/2006

Tous enfants d'Algérie ( poème de Domie G.)

Vous avez sans doute lu  le commentaire de Dommie pour qui l'Algérie est ce beau pays, qui, lorsqu'on y a vécu, nous marque à jamais.

Voici un de ses très beaux textes :

 

Tous enfants d'Algérie ( poème de Domie G.)

 

Ils étaient tous enfants d'Algérie

Unis sur le sol berbère

Loin d'imaginer la barbarie

Qui allait saccager leur terre.

 

Kahina a posé son arme

Pour laisser sécher ses larmes...

 

Juifs, Chrétiens et Musulmans,

Tous frères avant cette guerre,

Ennemis depuis trop longtemps,

Séparés dans leur frontière.

 

Coule le sang de Kahina

Sur les dunes du Sahara...

 

Ils sont tes enfants, Algérie,

Tu les reverras tous unis.

Dans leur coeur, le même amour

Ramènera les beaux jours.

 

Kahina ouvrira ses bras

À tous les enfants de là-bas.

 

© Domie G. (le 20/05/2006)

 

Retrouvez ce texte sur le Blog de Domie :

http://auxcouleursdelavie.hautetfort.com/archive/2006/05/...

 

 

14/07/2006

Fontaine de Kabylie (poème d'Ernest)

Voici un de mes poèmes à propos des fontaines de jadis qui ont marqué tant et tant de femmes de Kabylie. Oubliéées de l'histoire, délaissées par les siens, elles ne méritaient pas un tel sort.


Fontaine de Kabylie


Ô fontaine nourricière, bruissant de ton eau fraîche
Qui désaltérait du fellah la gorge sèche,
Tu es comme un vieux bâtiment en perdition
Qui se meurt dans l’océan de l’évolution.


Ô fontaine animée, témoin des cris joyeux
Que les filles poussaient, puisant le liquide précieux,
Tu es devenue cet amas de pierres sans âme
A qui on a ôté toute vie, toute flamme.


Ô fontaine de Kabylie, gardienne de secrets,
De furtives amourettes et de clins d’œil discrets,
Tu te sens délaissée, victime de la passion
Qu’ont les gens pour le robinet d’eau sous pression.


Ô fontaine du village à l’avenir incertain,
Oubliée de l’Histoire par la faute des humains,
Pourquoi dans ces collines t’a-t-on abandonnée
Aux caprices du temps qui scellera ta destinée ?

Ernest