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09/02/2012

Une expérience extraordinaire (Jan HEUFT) 1

 

Vivre ailleurs !

 

Un jour mémorable : le 21 septembre 1969 je passais la frontière d’Algérie avec ma petite Renault 4L pour y rester 42 ans, c'est-à-dire jusqu’aujourd’hui ! Cela fut une aventure hors pair. Tout d’abord cette rencontre avec des hommes et des femmes d’autre culture et d’autre religion ! Ces hommes et ces femmes, à peine libérés de plus de cent vingt ans  d’oppression coloniale, debout pour construire un nouveau pays moderne et libre !

 

Collège des Pères-Blancs (devenu Lycée)_ph-Beni Yenni - Ath Yenni.jpg

 

C’est  ainsi que je débarquais, un soir, dans un profond brouillard, dans la cour du Collège des Pères Blancs à Ath Larbaa d’Ath Yenni. J’y fus accueilli par des jeunes hommes en burnous, tous des élèves d’environ 18 à 20 ans, en retard dans leurs études à cause de la guerre d'Indépendance, mais déterminés à devenir, comme ils disaient eux-mêmes : « devenir  quelqu’un ». Jamais je n’oublierai leurs regards «  d’hommes libres » déterminés à se prendre en charge. Dans un coin de la cour, il y avait ce jeune garçon de Timéghras ; dans son village, tous les hommes avaient été tués par l’armée coloniale sur la place publique ; malgré cela, ses parents l’avaient envoyé étudier dans notre collège, sans rancune. Il n’y avait pas de lois de réconciliation mais elle existait, belle et bien, dans la pratique.

J’y suis resté sept ans jusqu’à la nationalisation au mois de juin 1976. Sept ans de partage de vie journalière avec 140 élèves internes, qui ne partaient que rarement chez eux. Les seules distractions du lieu étaient les matches de handball sous la direction du célèbre Père Gayet, les films culturels obtenus à l’Ambassade de France, projetés par le Père Dieulangard et commentés, puis travaillés en classe par les jeunes enseignants coopérants. Il y avait également une bibliothèque très riche qui permettait aux uns et aux autres d’élargir leurs pensées et regards sur le monde. Ce climat d’étude et de travail intellectuel ne pouvait qu’être favorable à des résultats extraordinaires aux examens où nous obtenions 100 % (ou presque) de réussites. Mais ce qui a été peut-être encore plus important c’est d’avoir formé des hommes capables de vivre ensemble et de se mettre au service des autres.  

 

Ce n’est pas sans regrets que j’ai quitté le Collège en octobre 76 pour me consacrer, à Rome, pendant deux ans, aux études de la Langue arabe et du Message coranique, mais en écoutant, toujours, pendant mes heures de recherches et les études, des cassettes de célèbres chansons d’Idir et d’Aït Menguellet ! Le pays m’avait marqué pour de bon !

 

… À suivre

 

 

 

HEUFT-Jan.jpg

Alger, le 2 avril 2011.

 

Jan HEUFT.  

 

Commentaires

Je suis très touché par cet article. En effet, moi aussi j'avais connu les écoles des pères blancs à Alger. Je suis né en 1953 à Jijel et j'étais scolarisé en CP1 en septembre 1968 à l'école Lavigerie à la casbah d'Alger. En 3 ans j'ai eu mon CEP en 1971 et une année après j'ai eu mon BEM en 1972. Mon Bac en 1976............ Aujourd'hui j'ai, DEUG,LIcence, Maîtrise et DEA en droit. Je vis à Paris, j'ai opté pour la nationalité française et j'ai francisé mon prénom................. Je remercie infiniment tous ces professeurs qui, comme Jean HEUFT, avaient permis aux enfants algériens scolarisés très tard de s'instruire. Et, surtout de comprendre et voir plus clair comment ce monde fonctionne.

Écrit par : Briheche | 09/02/2012

Le père Jan a été mon directeur durant 04 années à l’école secondaire privée de Béni-Yenni où j’étais interne durant 04 ans de 1971 à 1975. Je peux affirmer que ces années ont été les plus belles années de ma jeunesse malgré l'internat à 05 Km de chez moi et la séparation avec les parents à l'age de 12 ans associés à la rigueur et à la discipline des études.

Dans cette école, je peux dire que j'ai tout appris. En plus de l’éducation et de l'instruction, les élèves avaient aussi droit à la télé 02 fois/semaine, aux jeux d’échecs, le ping-pong, le hand-ball, le basket-ball et bien sur le foot-ball. On faisait même du théâtre. On se permettait même la lecture de la bande dessinée en particulier Spirou au foyer.

A partir du mois de mai, on avait droit à des excursions pédestres à Boukrama où on pouvait se baigner et jouer au foot-ball toute la journée. Ce qui nous permettait de changer d'air et d'environnement. Les élèves qui remontaient l’après-midi à Béni-Yenni en faisant le stop ou en prenant le bus étaient vite repérés par père Jan.

Par ailleurs, les élèves arrivés en 3éme avaient droit à une excursion à la mer à la plage cap Djinet et à une cérémonie d'adieu avec la distribution de petits cadeaux.

Dans cette établissement, on n’était pas nombreux. je pense que l'effectif ne dépassait pas la centaine. Il y avait seulement 04 classes. Ce qui constitue aussi un facteur de réussite de cette école. On peut dire que c’était une grande famille. Tous les élèves se connaissaient entre eux et les enseignants les connaissaient tous aussi. Et père Jan, le directeur, nous connaissaient tous, bien sur! De plus, ces derniers étaient en majorité des coopérants ayant choisi la coopération dans l'enseignement à la place du service militaire.

Je me souviens en particulier de 02 enseignants qui ont marqué mon éducation dans cette école:
- Monsieur Charles qui nous enseignait les mathématiques qu'il aimait beaucoup. Il était toujours disponible à remplacer un autre enseignant absent pour nous donner un cours supplémentaire de mathématiques. Il était toujours là, disponible, rigoureux dans son travail et infatigable. Je peux dire qu'il était le bras droit de père Jan.
- et Monsieur Claude qui nous enseignait le français et qui m'a fait aimer aussi la lecture.

Quant à père Jan, en plus de sa tache d'un excellent directeur, il assumait aussi celle d'un excellent professeur d'anglais. Depuis 1975, je l'ai revu seulement une fois en 1976 quand j’étais venu du lycée de Larba Nath Irathen avec les anciens élèves de l’école lui rendre visite et passer une autre nuit dans cette école! Et J’espère le revoir une autre fois!

Écrit par : Ali AIT-MOHAND | 11/02/2012

Mon prof de français était Jacques MADELIN qui est originaire de Cherbourg et non pas Claude!

Écrit par : ali ait-mohand | 12/02/2012

Depuis, les arabo-islamo-bâathistes sont passés par là. Les dégâts occasionnés à l'école par l'idéologie rétrograde importée du Moyen Orient sont désastreux. L'enseignement de très haute qualité dispensé avec amour et passion par les Pères Blancs a été remplacé par celui qui dépersonnalise le jeune algérien jusqu'à le transformer en monstre capable de commettre les pires atrocités. Et ça continue..........

Écrit par : Y.AIT MOHAND | 24/04/2012

Père yann bonjour ( permettez que j'écrive ainsi votre prénom). Elève entre 1971 et 1975, j'ai eu l'immense honneur et bonheur de faire partie de la liste des 140 élèves internes à l'école des pères blancs de Beni Yenni. Aujourd'hui encore, c'est avec fierté mais aussi beaucoup d'humilité que je me remémore ces nuits d'hivers au dortoir, en plein mois de carême, quand père Yann, mon cher directeur et professeur d'anglais, venait nous réveiller à 4h du matin pour le shor. ou encore le brave père Kusset qui gérait la bibliothèque ainsi que deniers. On ne vous dira jamais assez ''merci'' pour votre gentillesse, votre générosité, pour le sérieux dont vous avez toujours fait preuve. Je me ferai un devoir de vous chercher à Alger et j'espère vous retrouver.

Écrit par : Titouah | 01/06/2012

Ne pourrait-on pas avoir l'adresse mail de maître Jacques Madeleine s'il vous plait, ( j'espère du fond du coeur qu'il est toujours vivant)
Pour se rappeler de moi j'étais affublé du sobriquet '' l'oranais vou t'khessarine''

Écrit par : Titouah | 01/06/2012

Je me rappelle de toi! Espèce d'"Oranais". Nous sommes de la même promotion.

Mes salutations amicales de Béjaia.

Écrit par : AIT-MOHAND | 08/06/2012

Ait MOHAND salut l'ami! pour les images, c'est encore flou dans ma tête mais le nom raisonne encore bien dans mes oreilles.
Il me semble que j'ai posé une question précédemment relative à maître Jacques notre gentil prof de français.
J'enseigne entre autre le français dans une école et c'est lui que je ''singe''. tu comprends que je veuille lui dire au moins MERCI Monsieur JACQUES.
Quant à toi, mon cher ami, Bougie ce n'est pas le bout du monde fais-moi signe quand tu veux.

Écrit par : Titouah | 08/06/2012

c'est vraiment tres tres emouvant de lire ces commentaires d'anciens eleves des peres. Moi aussi j'ai connun Pere Yann mamlheureusement une année seulement c'etait en 1975. je me souviens durant les debuts de l'année 1976 notre cher DIRECTEUR a reçu l'instruction des HAUTS ARABO BAATH ISLAMISTES de terminer l'année scolaire et prendre valise. Il nous avait informé par note que chacun de nous si mes souvenirs sont bons à remettre à nos parents pour information .
tout ce qu'on peut dire de ces BRAVES ET HUMAINS enfants de dieu et d'adam n'est que goute. il faut des journaux et des journaux pour les remercier moi qui ai passé seulement 01 année m'ont marqué à jamais et c'est la meilleur periode de ma vie. cordialement à tous ceus qui sont passé par cette ecole de 1873 à 1980. S. DERMECHE

Écrit par : dermeche | 18/09/2012

Mon camarade, mon ami Ait Mohand.
Par la tête et par le coeur, plusieurs parmi nous partageaient deux idées: l’instruction et la culture berbère
Mais pourquoi nous sommes-nous égarés. Revenons là-bas, une fois, juste pour conjurer le mauvais sort.
En attendant ce jour, laissons à nos pensées le soin de continuer à nous réunir ainsi que père Jean Heuft et Monsieur Jacques Madelaine, doucement, en silence.

Écrit par : Ali Titouah | 18/09/2012

j'etais scolarise pendant 05ans de 1966a1971.les souvenirs les plus merveilleux.c'est simple je ne pourrais jamais oublier les eleves des souvenirs inoubliables et la population de beni-yenni et le brassage des eleves et l'amour du metier d'educateurs des peres et enseignants qui ne nous depasses pas beaucoup en age. milles merci atous

Écrit par : hireche rabah | 30/11/2012

Bonjour,
J'ai l'impression que certains regrettent la fin de la colonisation et s'en prennent à tout ce qui est arabo- musulman. j'aimerai bien savoir ce que vous êtes devenus entre temps (docteurs, chercheurs de haut niveau???)
Personnellement, j'ai fais l'école arabo-musulmane je fais partie des meilleurs chercheurs en Europe.
Tout ce que vous ont donné les pères blancs c'est leur rligion qui ont du mal à la vendre dans leur pays d'origine. Pauvres esprits de colonisés.
Bon courage

Écrit par : Fenineche | 10/02/2013

La reconnaissance et la gratitude n'ont rien à voir avec ce que vous comparez à un esprit de colonisé.
Quant à ceux dont vous vous demandez ce qu'ils sont devenus entre temps , sachez que ce sont pour la plupart de hauts cadres et universitaires, qu'ils ne s'en vantent pas comme vous le faites ( voir les ecrits précédents ou pas un titre ou grade n'est mentionné !!! et pourtant je connais certains d'entre eux ) et sachez enfin qu'en vous lisant on comprend qu'il vous manquera toujours la maitrise de la langue française et la .......modestie !!!

Écrit par : Arrias | 11/03/2013

merci arrias. meme si arrias a tout lu il n'a jamais lu d'aussi lamentable que ce qu'a ecrit fenineche.

Écrit par : hireche rabah | 12/03/2013

Merci Arrias d'avoir répondu pour tous à ce pseudo-chercheur établi en Europe!

Écrit par : Ali AIT-MOHAND | 13/03/2013

Feninèche (un pseudo de chercheur en zlabia)n'est pas colonisé mais vit en Europe,ceux qu'il traite de colonisés vivent eux en Algérie.

Écrit par : afrmed | 21/03/2013

Je suis honoré par vos louanges. Continuons ensemble pour créer un monde meilleur. quant à moi, je serai toujours ravis à vous lire et rencontrer en cair et en os!!!

P. Jan.

Écrit par : Père Jan Heuft | 19/04/2013

salut mon père, vous me manquez tant. j'ai tant cherché à vous contacté mais en vain.
maintenant je peux le faire avec un grand plaisir pour vous apprendre que je suis maintenant vieux, père de deux garçons et une fille respectivement âgés de 20, 17, et 15 ans.
je vous invite chez moi à Ouacif centre ou je réside actuellement.

Écrit par : LAMRI HOCINE | 06/05/2013

Bonjour à tous les lecteurs specialement ceux qui ont connu l'ecole des peres blancs.
à vous arrias je vous dis merci pour avoir repondu à l'imminent chercheur algerien d'europe.
à M. Lamri Hocine je dis bonjour et le nom me dis qqchose vous etes de la region des ouacifs , vous etiez en 5eme j'etais en 6eme. esperons que tout baigne pour toi et ta famille ainsi qu'à tous. Amicalement

Écrit par : S. Dermeche | 15/07/2013

Tous ces messages me font chaud au cœur.

Le 1ier novembre prochain je fêterai mes 74 ans. Vous y êtes tous invités à partir de 13h. Adresse:
79 Rue Fabris

Les Sources Bir Mourrad Rais

A côte de l'Association des Handicapés

Tel: 0 661 53 92 73 ou 021 544 722

Écrit par : jan heuft | 16/10/2013

bonjour
ça m'a fait plaisir de découvrir cet espace moi aussi j'étais chez les père blancs et c'est une fierté d'avoir suivi ce collège si fantastique je salut tous les prof ainsi que la direction à leur tète Père yann une extraordinaire personnalité je garde de très bon souvenirs.

Écrit par : YOUSFI | 16/10/2013

bonjour
ça m'a fait plaisir de découvrir cet espace moi aussi j'étais chez les père blancs et c'est une fierté d'avoir suivi ce collège si fantastique je salut tous les prof ainsi que la direction à leur tète Père yann une extraordinaire personnalité je garde de très bon souvenirs.

Écrit par : YOUSFI | 16/10/2013

salut à tous,je viens de decouvrir cette rubrique avec plaisir mais aussi avec beaucoup d'émotion Je suis un peu plus vieux et d'une autre region car j'ai entamé ma scolarité en 1961 chez les pères blancs à l'école JEAN AMROUHE D'IGHIL-ALI Puis j'ai rejoint le collège de LAVIGERIE,chez les pères blancs tjs,en 1967 Des personnes fantastiques Je n'ai rien à ajouter à vos commentaires vous avez tout dit Quant aux autres récits haineux et archaiques je ne me donne meme pas la peine de les lire Je peux citer quelques noms de personnes inoubliables pour moi: Père ASLER,LAZARATO,DE SAUME,GUEPINSE,VEDILEetc et le frère Bernard Aubertin

Écrit par : hamadache | 17/10/2013

j etais a l ecole des peres blancs du temps du pere henri

le directeur et le fondateur de l ecole je crois


a tous mes amis eleves de cette epoque
amities

le blanche alain

Écrit par : le blanche alain | 10/02/2014

La plus triste des réalités est de s'apercevoir, qu'on ne peut pas arrêter le temps

On dit souvent: "à tout seigneur tout honneur", mais pour la classe de 6ème 75/76, aurait on "gardé le(s) meilleur(s) pour la fin" ?

Eh oui! vous l'avez compris, je fais partie des bienheureux (parmi tant) à avoir juste eu le temps d'ouvrir les yeux sur tout un monde, avant que le rideau retombe aussi sec, avec le bruit lourd, du portail en fer du collège que refermait derrière nous le regretté David Sadat.

Une année c'était à la fois long et court. Long pour un mioche d'a peine 11 ans, arraché aux siens, jeté sans en connaitre les règles, dans le tourbillon de l'internat, se devant de relever le défi à tout prix. Celui de la scolarité n'était certes pas élevé, mais objet de tant de sacrifices pour des familles pauvres mais dignes, mues par un espoir bâti dans le roc.

Court, car comme pour tout ce qui est bon, la fin s'impose presque toujours trop tôt, de façon inattendue et souvent injuste et c'est le déchirement.

Les souvenirs s'emmêlent les pinceaux comme ceux de nos activités dirigées après les cours, ne sachant s'il faut magnifier ces beaux moments, ou regretter l'envol de l'insouciance qui a cédé le pas à l'éveil à la responsabilité et le désir de réussite.

Puis chacun vogue vers la vie qui est sienne, avec ses hauts et ses bas oubliant un peu cette enfance, puis tout d'un coup la cloche sonne, stridente et intraitable: Bonjour nostalgie !

Alors oui, cherchons et retrouvons ces chers camarades voire amis, la technologie aidant en plus cette émotion commune à tous, cela ne doit pas être si difficile, non?


Mais, mais...le temps a passé et alors on oublie que ce ne sont plus ces turbulents mais sympathiques, garnements qu on reverra, mais des hommes qui comme nous ont subi les outrages de ce temps, à la fois précieux et détestable. Détestable car il nous a éparpillés, vieillis, absorbés, au point de ne plus nous reconnaître? volant notre innocence au passage, triste réalité!

Mais il est si précieux car l'horloge avance toujours, et certains nous ont déjà quittés, sans les adieux d'usage, d'autres hélas suivront tour à tour, et ce sera le regret pour
l'éternité. Qu'attendons nous? Comme l'un des plus jeunes élèves à l'époque, j'ai déja 50 ans ! et Père Jan, 75 !

Après toutes ces décennies, il serait grand temps de raisonner nos émotions et revivre avant qu il ne soit trop tard, ces quelques moments d'exception, qui ont décidé de nous lier à vie. Peut etre qu'à cet instant là, le temps s'arretera?

Écrit par : Djamel Abbache | 21/03/2014

Apres ce prélude en hommage à mes amis de classe et camarades du collège, ainsi que Père Jan et tous les profs, je ne dirais jamais assez ma gratitude et mon envie de vous retrouver au plus tot, pourquoi pas lors d'une réunion d'anciens de Beni yenni, à Ait Larba?

C'est surement difficile de réunir tout le monde mais l'essentiel etant l'initiative afin de mieux se préparer.

Qui a les noms de famille voire des nouvelles de nos profs? Charles, Jean-Paul, Philippe et monique (Ernou) Mahmood Bali, pere Gayet ainsi que les soeurs qui etaient a la chappelle, et j'en oublie, peut etre vous pere Jan?

Ayant quitté mon village (ighil bouamas) pourtant distant seulement de 15kms du college, il ne m'est pas aisé de venir de facon impromptue.
Je vis depuis 4ans en Norvege, apres 22 ans à Paris et citoyen Français désormais.

Voila pour les nouvelles, et si quelqu un desire m'ecrire, voici mon email, et sur "trombi.com" j'ai posté la photo de notre classe de 1976.

Cordialement, Daniel-Djamel Abbache: Jamhell@yahoo.com

Écrit par : Djamel Abbache | 21/03/2014

Bonjour à tous
J'ai eu la chaire de poule en lisant tous vos commentaires .On pense tous , presque la même chose .J'étais de 1969 à Juin 1973 .Cordialement .Belaid Ait Mohand .

Écrit par : Belaid Ait Mohand | 16/07/2014

Bien sur je me rappelle comme hier Lamri Hocine de Timeghras. Un jour ta mère m'avait reçu avec des gâteaux aux œufs, un regal!
Oui bien sur, une fois de passage aux Ouacifs, cela me ferait plaisir de te revoir.

P.Jan.

Écrit par : P.Jan | 17/07/2014

je m appel BenaliouaAISSA j ai etesurveillant avec pere yann j ai beaucoup de bon souvenirs de cette epoque que je regrette

Écrit par : benalioua | 10/12/2014

Je viens de fêter mes 75 ans le 1ier novembre!!
Je serai les 26 et 27 décembre à TO, je serai heureux de vous rencontrer là bas. Le Père Jacques Cusset y sera également!!!

Père Jan.

Écrit par : P.Jan | 11/12/2014

Jan Heuft m'a envoyé ces messages. J'ai été très touché de les lire. L'amitié est aussi neuve qu'il y a quarante ans!
Je viens en Algérie du 17 au 29 décembre 2014, et je serai heureux de retrouver des anciens, et Jan qui me reçois chez lui à Alger.
Azul fell awen el kul!
Père Jacques

Écrit par : Père Cusset Jacques | 11/12/2014

Bonjour à tous
Pere Jan, avec un peu de retard, Joyeux anniversaire...et bientot, joyeux Noel. Qu'en est il de Janvier, seriez vous à Alger ou de nouveau a Tizi? je prévois un périple depuis la scandinavie ...alors peut etre que l'occasion rêvée est à portée de main?
Cordialement

Djamel

Écrit par : Djamel Abbache | 13/12/2014

Salut à tous, je ne suis pas très web et je ne vais sur internet qu’en cas de nécessité, mais qu’elle fut ma surprise en tapant « Internat des pères blancs de Benni-yenni » de tomber sur ces témoignages qui font remonter dans ma tête tant de moments inoubliables passés dans ce collège de 1967 à 1972. Aujourd’hui, avec beaucoup de recul je peux dire sans hésitation que ce furent mes plus beaux souvenirs.
J’ai longtemps hésité à répondre etapporter un témoignage sur mon passage au collège, car les quelques mémoires que j’ai rédigés il y a de cela 40 ans, alors que j’étais à l’Inter-Collèges, me semblaient beaucoup plus personnels. J’aipensé par la suite que quelques élèves s’y reconnaitraient peut-être, alors pourquoi ne pas les partager en famille! Je crois aussi que l’insistance de Mr Djamel Abbache que je n’ai pas connu mais que je félicite pour son témoignage m’a définitivement décidé. Enfin dans l’impossibilité de reproduire la totalité de ces écrits, je citerai ici pêle-mêle quelques témoignages et anecdotes qui me paraissent évocateurs.
1._Je venais d’être reçu à mon examen de fin d’année qui clôturait mes études primaires. Ma grand-mère qui venaitde fêter la nouvelle à coups de « gazouze » et de beignets déchanta vite en apprenant que j’allais quitter la maison familiale pour continuer mes études loin du village. Elle ne comprenait pas en effet ce qu’allait encore apprendre son petit-fils qui savait déjà lire, écrire, compter … et qui avait même eu « sa sixième »?!
Il n’était bien entendu pas question de partir sans son consentement. Elle était dans un état telque mon père qui avait eu peur de sa réaction et qui tenait à mes études se garda bien de l’informer de l’achat d’un trousseau et d’autres dépenses occasionnées par la circonstance qui l’auraient poussée à décréter l’annulation définitive de mon inscription. Mon père évita donc de l’informer lui qui avait décidé de m’envoyer chez les pères blancs.
Le trousseau._
Eh oui , il fallait donc acheter un « trousseau », c’est à dire des vêtements neufs, dont deux pyjamas, du linge de corps, des chaussettes, des baskets, du cirage,une brosse à dents, du dentifrice, une trousse de toilettes et bien d’autres petites minuties dont je n’avais jamais entendu parler jusque-là et que je fis soigneusement ranger dans une valise en carton orange fermant à clé. Ce fut bien la première fois que je possédais quelque chose à moi tout seul.
Parmi les exigences liées à la préparation du trousseau, il y en avait une toute singulière dont je n’avais saisi le sens que quelques mois plus tard. Elle consistait en l’apposition du numéro « 137 » sur chacun de mes vêtements.
Ma pauvre mère qui était déjà très occupée passa bien près d’une semaine à les broder avec du coton perlé bleu foncé dont elle se servait d’habitude à orner ses foulards. Elle suivait alors minutieusement de son aiguille le contour des chiffres inscrits au stylo « Bic » sur le col des chemises et sur les poches des pantalons. En questionnant mon père sur l’utilité de cette corvée, il lui rétorqua simplement que le Directeur du collège l’exigeait pour tous les élèves internes. Elle ne saurait donc jamais l’utilité de ce déguisement supplémentaire sur les habits, qui plus est d’un garçon, et se garda de rajouter ce « décor inutile » sur le linge de corpssur lequelde toute façon on ne le voyait pas.
Cela me coûtera plus tard la perte d’un slip et d’une paire de chaussettes au retour de mon ballot de la buanderie et me permettra enfin de comprendre l’importance du numéro 137. Au demeurant, cet apparat s’avérautile à reconnaitre les élèves chics qui venaient des villes comme Tizi-Ouzou, Alger,Béjaïa et dont les effets plus luxueux par ailleurs étaient reconnaissables à un morceau de ruban imprimé à leur numéro de trousseau et cousus adroitement à la machine. On pouvait alors aisément les distinguer des élèves issus des villages environnants dont la couture maladroite, grossière et surchargée rendait le col de certaines chemiseseffroyable.
2.Le départ._
Par ce jour de début septembre, sur la route sinueuse menant de Tassaft au village d’Ath-Larbaa, mon père au volant de son Estafette grise m’accompagnaitau collège. Mon esprit s’était égaré et pour la première fois je ne profitais pas de cette vague douceur qui marquait le passage de l’été à l’automne;comme je n’admirais pas les fabuleux paysages défilant à travers le pare-brise. En cours de route, mon père avait saisi toute mon appréhension. Lui qui était si loquace ne put sortir de sa bouche ce jour là que trois phrases dont je n’oublierai jamais l’intérêt ni la portée: - tu seras encore mieux qu’à la maison.- tu feras de grandes études.- un jour tu seras médecin. Le décor était planté, les choses dites et maintenant point de retour.
3._A l’internat
A mon arrivée devant l’internat, je ne sais encore pour quelle raison, J’ai tout de suite emmagasiné dans ma tête, l’entrée du collège fermé par un gros portail gris, puis à gauche en entrant le petit parking où étaient garés le fourgon « SG4 » à tout faire du père Gayet, une 4L blanche et une 2CV appartenant sans doute à des enseignants. A droite, deux classes (4ème et 3ème) à l’époque, puis en avançant à gauche, la salle de ping-pong, le préau et les toilettes. A droite à peu près au même niveau, le Foyer, puisau coin en prenant un escalier étroit, la résidence des enseignants, la petite chapelle, la bibliothèque, la direction et le réfectoire; au fond faisant suite au terrain de hand, les classe de 6ème et de 5ème puis l’infirmerie et au-dessus les dortoirs. Au sous-sol, la buanderie et les douches et plus bas encore derrière une rangée d’amandiers, le terrain de basket.
Combien de moments de partages, de jeux, de complicités, de plaisanteries, de joies, de moqueries mais parfois aussi de chagrins n’ai-je pas partagés avec mes camarades dans ces endroits inoubliables que je porte en mémoire dans leurs moindres détails !
Durant ces cinq années scolaires à l’internat des pères blancs de Benni-yenni, j’ai eu à connaître les pères GARNIER, VIALTON, CUSSET, DESSOMMES, YANN, MAKSUD, FERNANDEZ, DIEULANGARD; les enseignants: Jean-Joe, Hervé, René, Jean-Loup, Jean-Paul, Michel, Charles, Claude, Chikh Salah …(je n’ai jamais compris pourquoi on appelait tous les pères par leur nom et tous les enseignants par leur prénom); David le cuisinier, Belkacem le bricoleur et deux dames d’Ath-Larbaa qui travaillaient à la buanderie. J’ai rédigé pour nombre d’entre eux, en mémoire des moments inoubliables que nous avons partagés, une anecdote représentant pour moi une pensée amicale et chaleureuse.
4._ Première nuit au dortoir
Ma première nuit à l’internat restera à jamais gravée dans ma mémoire. C’est d’abord la première fois que j’ai appris à m’occuper de moi tout seul. Il s’agissait alors de faire son lit et de le faire correctement car le père Vialton qui était de garde avait tout le monde à l’œil! Il passait dans les rangs ànous expliquer que le drap du dessous devait être bien tiré sur toute la longueur du matelas alors que celui du dessus devait être plié à revers au niveau du traversin… Je trouvais bien cela trop compliqué moi qui n’avait jamais vu un drap.
Une fois le lit fait, il fallait mettre son pyjama. Je ne savais pourquoi mais je trouvais cela drôle sans doute parce que c’était bien la première fois que je dormais dans d’autres habits que ceux que je portais le jour. Il fallait ensuite mettre ses pantoufles et prendre sa trousse de toilettes et aller aux lavabos se laver les dents puis les pieds.
En arrivant à la salle d’eau, j’ouvris ma trousse pour en retirer le nécessaire de toilette, mais je ne sais pour quelle raison le tube de dentifrice que mon père m’avaitbien acheté ne s’y trouvait point. Il fallait pourtant bien faire comme tout le monde et se brosser les dents. Je pris alors ma brosse que je frottais en cachette sur ma savonnette puis gesticulaisvigoureusement de mon bras droit. Le goût du savon dans ma bouche n’était pas des plus agréables, mais au final mes dents étaient aussi blanches que celles de mes camarades et je fus tout content de me tirer de cette mauvaise passe.
Au dortoir du bas je m’apprêtais à sommeiller dans un matelas en mousse neuf, des draps blancs immaculés et une couverture en lainage léger. La couchette en lattes souples des plus confortables, le matelas en mousse et la douce chaleur du poêle qui imprégnait chaque recoin du dortoirdevaient m’aider à me reposer. Pourtant, ce soir là, la chose la plus simple à faire à cet âge-là, c'est-à-dire dormir, devint pour moi presque impossible. Tant d’images qui m’étaient familières manquaient au nouveau décor et les visages pourtant sympathiques de mes futurs camarades n’arrivaient pas encore à remplacer ceux des enfants de mon village.Mon cerveau refusait encore de se séparer demes frères, sœurs et parents que je quittais pour la première fois; du trajet en Estafette en compagnie de mon père etjusqu’au bêlement de « Zizette » la chèvre préférée de ma tante. Si bien que je n’arrivais pas à fermer l’œil moi qui d’habitude tombais comme un roc.
Au milieu de mes pensées, environ deux heures après l’extinction des lumières, je vis une ombre sortir de la chambre où se trouvait le père Vialton. C’était donc lui le surveillant de nuit ce soir là. Avec une infinie précaution il referma la porte derrière lui et commençaà arpenter d’un pas feutré les allées menant de la salle de surveillance au poêle se trouvant au fond du dortoir; sans manquer de vérifier si ce dernier contenait suffisamment de coke,ni au passagede remonter la couverture tombée d’un tel ou encore de réconforter tel autre qui sanglotait. Ces images doucereuses et protectrices m’aidèrent enfin à trouver le sommeil.
5._ Cours et activités
Outre les cours enseignés magistralement en classe, les enseignants et les pères nous accompagnaient en promenade et nous faisaient bénéficier d’activités facultativesdont nous ignorions jusqu’au nom; comme l’astronomie animée par Monsieur Charles, le montage diapos dirigé par le père Cusset ou encore la philatélie, la peinture, le chant, la lecture dans le foyer grouillant de revues commeSpirou,Asterix, Rahan etc…
Durant les récréations où le soir avant de monter au dortoir, certains enseignants n’hésitaient pas à nous gratifier de quelques confidences en discourant de leur village natal, de leur région, ou des élèves qu’ils enseignaient autrefois. Ceci permit d’ailleurs d’aboutir à une correspondance entre notre classe de quatrième et une de ses homologues en Bretagne. On pouvait même parfois les surprendre parlant de leur famille ou de leurs proches; bref ils étaient un peu comme nous, loin des leurs. C’est ainsi qu’en dehors de tout aspectpédagogique, se forgeait entre enseignants et élèves, une amitié profonde et sincère.
Avec Monsieur Claude, les dictées étaient très difficiles et on se demandait où il allait trouver ces textes où le subjonctif se mêlait au vocabulaire le plus compliqué, et qui au final ne permettait pas à beaucoup d’entre nous d’avoir la moyenne en français. Aussi avions nous trouvé un stratagème pour signaler entre nous l’orthographe les « é » « és » et « ées » respectivement par des petits toussotements « hem » « hem-hem » et « hem-heeem ». L’enseignant qui crut que nous étions tous enrhumés n’y vit que du feu et nos notes s’améliorèrent substantiellement.
Avec Monsieur Charles, amoureux des mathématiques, l’introduction à une nouvelle leçon de trigonométrie ressemblait souvent à une devinette voir à de la philosophie. Ainsi un jour, en début de cours, il nous demanda de répondre à une question qui portait sur unefigure qu’il avait représentée au tableau et qui était la suivante: à quoi égalait la distance qui séparait l’arbre du rocher sachant que les lignes arbre-maison et maison-rocher faisaient un angle droit ? Une bagarre de d’hypothèses et de spéculations s’en suivit entre élèves les plus doués en maths. Quand monsieur Charles sentit que nous étions imprégnés du sujet, il nous lança tout bonnement d’arrêter de chercher car nous ne savions pas encore ce qu’était l’hypoténuse.

6.- Du père Dessommes
En allant à la Bibliothèque emprunter un nouveau livre car il fallait bien en lire au moins un par mois, je retrouvais le Père Dessommes,impeccable dans sa soutane blanche, perdu dans un véritable capharnaüm, parmi ses bouquins et autres objets hétéroclites, tirant sur sa barbichette comme il aimait à le faire. Il retrouvait cependant toujours l’ouvrage qu’on lui demandait dès qu’on avait un titre ou une côte à la bouche. Il tenait toutefois à deux choses: d’abord vérifier que le livre demandé correspondait bien à la collection adéquate à notre âge (collection verte, collection junior, série des « Petit-Tout »…), puis il nous posait une de ces questions dont il avait pourtant la réponse, du genre: peux-tu me rappeler ce qu’advint à Petit-Tout lorsqu’il chuta dans la rivière? Je compris bien tard qu’il usait de ce subterfuge pour s’assurer que nous avions bien lu le livre que nous lui remettions.
En fait, pour tous les élèves, le père Dessommes était une véritable bibliothèque. Ne prenions nous d’ailleurs pas un malin plaisir à chercher les termes les plus compliqués dans le Larousse pour aller lui demander leurs significations durant l’étude du soir? Mal nous en prit,nous perdions à tous les coups!Le père Dessommes était aussi un jardinier et un naturaliste hors paire. Qui n’a pas au moins une fois admiré les rangées de tulipes magnifiquement entretenues par ses soinset qui nous accompagnaient sur l’allée menant de la bibliothèque au réfectoire; ou n’a pas été ébloui par ces superbes bouquets de géranium disséminés dans le petit jardin attenant à la résidence des enseignants ? En promenade, sur le chemin de Verekmouche et de Voukrama, ne nous avait-t-il pas appris à reconnaitre l’aubépine, le ciste,le lentisque, le genêt, le chèvrefeuille, le romarin, la bruyère et tant d’autres plantes dont il connaissait les noms en latin, en arabe et en kabyle ? Après un repas en plein air au bord de la rivière, ne nous racontait-il pas de fabuleux contes et de merveilleuses histoires? Au retour, en remontant à l’école, ne donnait-il pas une tablette de chocolat « Poulain » à celui qui reconnaissait les plantes décrites tantôt? Oui, ce naturaliste et pédagogue avait bien semé de belles graines dans le sol et dans nos têtes.
En revenant de promenade quelques énergumènes peu intéressés par toutes ces leçons de choses préféraient aller chiper quelques cerises et abricots dans les vergers bordant le chemin du retour. La chose n’était cependant pas aisée car il fallait êtreavisé et rapide afin d’échapper à la vigilance des enseignants soigneusement répartis parmi les groupes d’élèves dont ils avaient la garde. Ces indus, revenaient le plus souvent avec une maigre récolte et tout écorchés par les ronces et buissons que les propriétaires ne manquaient pas de disposer autour de leur champs, sans compterqu’ils s’exposaient à une sévère punition s’ils se faisaient attraper.

7.-Du Père Dieulangard
Voilà un Monsieur qu’on reconnaissait aisément à sa démarche lourde, ses grosses lunettes, son trois-quarts à la Columbo, sa tête dégarnie et au mouvement à peine perceptible de ses lèvres lorsqu’il lui arrivait de parler. Cet homme singulier avait une patience et une sagesse telles qu’il n’avait jamais réprimandé un élève quoiqu’il fît. Il semblait être au dessus de tous les chahuts et chamailleries qui ne manquaient pourtant pas dans les rangs. Nous étions si admiratifs de ce comportement stoïque qu’un jour, sans doute pour le remercier, nous avions décidé de nous présenter devant les dortoirs en rangs impeccablement alignés et sans le moindre chuchotement. Ce soir là il m’avait semblé avoir vu dans son visage un petit sourire et dans ses yeux une sorte de satisfaction béate. En fait, il semblait heureux d’avoir réussi à nous transmettre son message par sa seule indulgence.
Cet hiver-là, la grippe fût sévère. Dans les dortoirs, le père Dieulangard se rendait chaque après midi au chevet des malades pour s’enquérir de leur état de santé. Chaque jour, nous attendions alors sa venue avec impatience car il n’arrivait jamais sans ses thermos de citronnade qu’il distribuait à chacun des patients. Cette tisane qui était sans doute un mélange de verveine, de lime et de miel avait eu un tel succès que le nombre de malades imaginaires augmentait au fur et à mesure que les classes se vidaient.
Ce manège cessa cependant rapidement lorsque les enseignants qui crurent à une épidémie alertèrent le Supérieur. La réponse du Directeur pour discerner les vrais malades des faux se fit aussi efficace qu’imparable. Il se murmurait alorsdans les rangs que la température prise sous l’aisselle n’était pas la plus fiable pour détecter la fièvre, et que les patients allaient recevoir deux injections par jour, seul remède efficace contre l’affection. L’ingéniosité du Supérieur fût si imparable que le thermos du père Dieulangard n’arrivait plus au dortoir qu’avec deux tasses de breuvage.
Ce jour-là, le père Dieulangard était de garde à la boutique des fournitures scolaires. A l’étude du soir, les allées et venues inhabituelles vers le magasin se multiplièrent et attirèrent l’attention de plus d’un élève. Il se vendait en effet des paquets de double feuille de qualité, à deux fois moins leur prix réel. Moi-même j’en avais achetédeux à 50 centimes l’unité. La nouvelle arriva vite au père Gayet, économe de l’internat, qui répliqua rapidement fou de rage. A travers la vitre de classe de 6ème qui donnait sur la boutique, je le vis bien prendre sa tête à deux mains. Je compris aussitôt que j’avais fait une bonne affaire. Mais aucun d’eux ne nous réprimandât ni exigeât de nous la différence. A ce jour, nul ne sait si le père Dieulangard ignorait le prix des fournitures ou s’il avait fermé l’œil pour permettre aux plus démunis de s’acheter ce nécessaire obligatoire aux devoirs de classe. Sacré Dieulangard!
8._Durant mes cinq années passées dans cet internat, jamais à ma connaissance, un élève ne s’est plaint d’avoir été frappé par un enseignant. Nos éducateurs nous faisaient subir des punitions diverses, aussiintelligentes qu’efficaces, en fonction du degré de la faute commise. On pouvait ainsi écoper d’une séried’exercices de mathsà faire lors d’une étude supplémentaire (spécialité de monsieur Jean-Paul), être privé de cinéma le mercredi soir,interdit desortie au village, donc ne pas pouvoir s’acheter des bonbons « Caprice » ou des Guelb-ellouz pour les plus fortunés d’entre nous, ou pire,être consignésle week-end, c’est-à-dire ne pas aller en promenade avec ses camarades ni rentrer à la maison (une vraie humiliation car nos parents étaient alors informés de notre comportement).
Dans certaines circonstances, il arrivait aux pères de mener une véritable enquête sociale auprès des parents pour s’enquérir de leur revenu, et il n’était pas rare de les voir alléger, voir même supprimer le paiement de la pension en fonction des revenus des parents. Dans les faits, seuls quelques commerçants et autres nantis payaient la pension complète de leurs fils. Dans tous les cas, cette pension s’avérait minime au regard de la qualité des soins et de l’éducation que nous recevions.

9._Du père Gayet
Le père Gayet était un vrai gaillard. On pouvait aisément le remarquer à son allure massive, son pardessus noir, ses lunettes épaisses et son éternelle cigarette coincée entre l’index et le majeur et tirée jusqu’au bout.
Ce mordu de sport était notre professeur d’éducation physique et c’était avec lui que nous avions appris à pratiquer les courses de vitesses et d’endurance, les sauts en hauteur et en longueur, le lancer du poids, l’escalade à la corde, la « gym » en mouvements libres ou imposés, ou à improviser les fameusesbatailles de boules de neige en hiver au terrain de basket. En récréation de fin de journée, il ne manquait pas d’attirer autour de lui un grand nombre d’élèves friands d’information de foot et autres sports.
Il avait cette faculté de repérer au bout de quelques séances, ceux qui pouvaient progresser en Hand, en cross, au saut ou en gym, de ceux qui feraient mieux de retrouver les vestiaires.Son sport préféré était toutefois le hand-ball. Par sa persévérance et sons sens du travail en groupe, il parvenaità mettre sur pieds des équipes qui rivalisaient avec celles des meilleurs collèges de la capitale. Il n’était d’ailleurs pas rare pour nous, de battre de prestigieuses équipes quimal informées pensaient que des élèves venant d’un village perdu ne savaient forcémentpas grand-chose au hand-ball. C’est ainsi qu’on parvint à gagner plusieurs coupes d’Algérie dans les catégories minimes, cadets et juniors, avec des moyens dérisoires. Il s’avait aussi repérer les meilleurs athlètes qu’il aidait à devenir des champions uniquement grâce à quelques astuces oumorceaux de sucre pris au moment opportun!

10._Le film
Avec le père Gayet, le film de la semaine ramené du Centre Culturel Français était obligatoire quelque fût son thème. Aussi les élèves de sixième préféraient-ils s’asseoir avec leurs camarades de classe supérieure afin de bénéficier de quelques explications. Toutefois,quelques-uns dormaient en pleine projection et d’autres restaient éveillés jusqu’en fin de séance selon que l’on projetait le « Misanthrope » ou « Jason et la toison d’or».
11._A la douche
Tous les samedis nous descendions au sous sol par petits groupes pour la séance de douche hebdomadaire. Cela avait quelque chose de mystérieux car c’était la seule fois que nous empruntions la petite porte qui permettait d’admirer les beaux villages des Ath-Irathen et qui par un long escalier aboutissait au sous-sol où se trouvaient les douches.
Lorsque ces séances étaient encadrées par le père Gayet, elles étaient menées à une cadence militaire. Ainsi, un premier jet d’eau vous arrivait sur le corps avant même d’avoir eu le temps d’enlever votre short et accroché votre serviette. La première coupure d’eau, annonçait la séance de savonnage qui durait quelques minutes. Enfin, un autre jet nous permettait de nous rincer et de sortir des douches. Les traînards qui n’avaient pas compris la leçon recevaient alors un dernier jet d’eau froide qui les poussait à déguerpir à moitié nus. Sacré Gayet.

Au réfectoire
Au réfectoire, le mets préféré des internes si l’on excepte le bol de soupe obligatoire, était sans doute celui composé d’un plat de riz doré succulent, accompagné d’une tranche de morue salée, d’une tasse de flan vanille et de l’éternel verre de cidre. Durant ce repas, lorsqu’il était de surveillance, le père Gayet circulait entre deux rangées réservées aux élèves, sirotant son potage à coups de grands « Schleups » sans omettre de temps à autre de taper de son index sur la table de ceux qui n’avaient pas encore fini leur bouillon; façon de leur signifier qu’ils n’auraient pas de suite tant que leur tasse n’était pas vidée. En fin de repas, en se levant, quelques énergumènes trouvaient un malin plaisir à faire crisser les chaises sur le carrelage, ce qui ne manquait pas de produire un tapage insupportable. On avait alors droit à une série de debout-assis, debout-assis jusqu’à ce que les malintentionnés, de peur d’être débusqués, cessassent leur plaisanterie. Nonobstant ces quelques remises à l’ordre, le père gaillet était d’une grande sympathie et aimé de tous.
Au foyer
Les internes affectionnaient particulièrement les séances de télé qui leur permettaient de suivre les épisodes de Rintintin, Daktari, Flipper le dauphin ou encore « le Saint »; mais aussi les évènements planétaires les plus importants comme « Apollo 11 » en 1969 ou encore la fabuleuse coupe du monde de 1970, et qui étaient accompagnés par des commentaires judicieux de nos enseignants. Cependant, le vieux téléviseur du foyer semblait prendre un malin plaisir à brouiller l’image aux meilleures séquences des aventures. Il n’était alors pas rare de voir le père Gayet aller tapoter sur le cadre du récepteur ou de régler quelque bouton pour que cessent enfin les Ah…, les Oh… et autres jérémiades des spectateurs.
A l’internat, les pensionnaires étaient un peu envieux des externes qui pouvaient à leur guise aller manger dehors à midi et rentrer chez eux le soir. Mais nous ne dédaignons pas échanger avec eux, en cachette, une petite pièce ou quelque friandise, contre des châtaignes, figues fraiches ou cerises en fonction des saisons.


Du père Yann
Le père Yann se reconnaissait de loin Grace à ses cheveux hérissés qui semblaient le tirer plus haut lui qui mesurait déjà près de deux mètres. Le père Yann était notre prof d’Anglais. Il était très assidu, mais anglophone, il mélangeait au début les genres féminin masculin si bien qu’on retrouvait parfois des phrases bizarres ; aussi nous élèves éxagérions un peu en racontant que le père Yann a demandé dans un devoir de traduire en anglais : j’ai mangé 36 chaises ou j’ai cassé un peu d’eau.
L’image que tous les élèves retenaient de lui était celui de quelqu’un de rigoureux et d’infatigable. Il semblait en effet être partout à tout moment. Il ne manquait jamais d’énergie et ne dédaignait aucun poste lui qui était tour à tour: bricoleur, enseignant, administrateur et principal. Beaucoup d’élèves ont progréssé grace à lui à travers des aides multiples.
J’espère qu’il nous pardonnera ces maladresses de jeunesse, mais qu’il sache que nous avons gardé une belle image de lui. Grand merci encore à lui qui a pris cette initiative et nous a permis de retrouver des visages et des souvenirs.

Du père Cusset
Le père Cusset était d’une telle bonté que l’intérêt qu’il portait pour les autres devançait celui qu’il avait pour lui-même. Cela se voyait sur ce joli sourire qu’il avait toujours à la bouche. Il était polyvalent et pouvait aussi bien vous enseigner le français, l’histoire ou la géographie. Un jour, pour nous apprendre à reproduire la carte de géographie de l’Algérie, il n’hésitât pas à nous la représenter en plusieurs zones facilement assimilables et qui regroupées judicieusement, reproduisait fidèlement les contours de notre pays. Ainsi on apprenait à reproduire par étapes, les différentes convexes du littoral, ou les grandes droites menant de Tindouf à Bordj-Badji-Mokhtar ou du sud de Djanet à la frontière malienne.
Parmi les activités facultatives des élèves, Le père Cusset nous aidait à réaliser un montage diapos dont je ne me souviens pas exactement le thème, mais qui concernait la Kabylie des montagnes et des travaux agraires, inspiré des chemins qui montent de Mouloud Féraoun. Il nous aidait à choisir parmi les plus judicieuses de ses diapos ou de celles réalisées par des élèves et qui portaient sur le Djurdjura et les plantes représentatives de la région comme le figuier, le frêne de Kabylie,le cerisier…Sur un fond musical d’Akli Yahiatène « Athamurthiu » nous eûmes je crois le prix de la meilleure activité.
Le père Cusset aimait s’intégrer à la population de la région si bien qu’il était heureux lorsqu’il était invité à un café ou quelques gâteaux par ses élèves. Un jour de carême nous étions en visite à Tikjda, je me souviens qu’il avait lui-même jeuné ce jour-là pour m’accompagner et partager cette épreuve avec moi disait-il!
Il me reçût un jour dans sa famille à Paris et il m’invita à une visite inoubliable du château de Versailles. Le père Cusset: Que de bonté et de gentillesse prodiguées avec amour et dévouement.


Merci à tous qui témoignez de ces moments inoubliables

Écrit par : AIT MOULOUD | 19/02/2015

Merci Salah AIT-MOULOUD pour ces merveilleux souvenirs.

Quant à moi, je me souviens spécialement de mon premier diner au réfectoire où j’étais étonné de découvrir une fourchette devant moi. Chez nous, il faut rappeler qu'à l’époque, nous n'utilisons que la cuillère. Notre cuisine ignorait et faisait fi de la fourchette. Il a fallu que mes camarades me montrent comment utiliser ce nouveau "objet mystérieux" que je voyais pour la première fois.

Écrit par : ait-mohand | 20/02/2015

Il y a eu même un élève des Ouadhias qui a cru les fourchettes étaient en argent. Alors comme il était pauvre! il les a caché dans le jardin pour les apporter à la fin du trimestre chez ! Malheureusement j'ai découvert ce trésor par le simple fait qu'il nous manquait des fourchettes évidement.
P. Jan

Écrit par : P.Jan | 20/02/2015

Bravo pour ces témoignages. Dommage que je n'ai pas connu ces personnes à part les Pères Garnier et Dieulangard, les autres de nom seulement, dommage aussi de n'avoir pu visiter à cette époque ce réputé collège où, nous, les enseignants des Pères des Ouadhias, envoyions nos meilleurs élèves. Depuis j'ai rencontré Hervé Miry, un bon spécialiste du handball.

Écrit par : Ernest Jouzel | 20/02/2015

je suis entrain de préparer un petit recueil sur mon passage à l'internat des pères blancs de beni yeni de 1971 à 1973
c'est très court (2 ans seulement) mais c'est les années qui ont fait bascules mon itinéraire scolaire dans le positif
je profite pour rendre un grand hommage au père JAN
AIT MOULOUD - MOULOUD

Écrit par : ait mouloud | 21/02/2015

Qui se souvient de la collection de livres de lecture pour enfants "Petitou" réservée spécialement aux élèves de 6ème et de 5ème?

Écrit par : ait-mohand | 21/02/2015

D'abord merci mille fois à Mouloud Ait Mouloud pour ce beau récit et rétrospective sur nos peres et profs.

Tu me fais un grand honneur en te donnant envie de nous gratifier de ces écrits qui ne manqueront pas de réveiller tant de souvenirs chez les anciens.

Ces passages souvent communs à beaucoup d'entre nous sont à coup sur l'élément déterminant dans la trajectoire qu'ont pris nos vies respectives

Honorons comme il se doit les peres encore de ce monde, de la meilleure facon qu'il soit

Quant à ta question Ait Mohand, je me souviens pas trop des tribulations de petit-tout, mais je me souviens qu'on surnommait un éleve de 5eme? comme cela, sans que son visage me revienne hélas à l'esprit...alors peut etre que quelques photos de classe, oubliées par ici, là, completeraient le puzzle?


Longue vie à tous

Daniel-Djamel (Ighil Bouamas)

Écrit par : Daniel-Damel Abbache | 23/02/2015

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