16/07/2011
Le Volontariat par Jean PONSIGNON (3)
Une interpellation à exprimer.
Or, en dépit des réalités essentielles qui viennent d’être évoquées le volontariat est à la fois marginal et menacé.
Marginal, parce que numériquement limité (ce qui est normal puisqu’il ne s’agit pas d’inonder les pays du Sud ou de l’Est de Français altruistes et généreux qui déstabiliseraient des structures locales en voie d’émergence, mais de répondre à des besoins exprimés) et parce que, une fois rentrés dans leur milieu naturel d’origine, les anciens expatriés ONG ont la plus grande difficulté à faire partager ce qu’ils ont vécu et découvert. Au bout d’une semaine quand ils continuent à évoquer tout à la fois l’urgence des problèmes à résoudre, les importantes différences culturelles, les misères insondables et les témoignages de solidarité, si éloignés de nos conditions de vie et de nos modes de pensée, on leur fait sentir souvent que la parenthèse doit être refermée et que la vie “ normale ” doit être reprise. Alors que leur expérience est utile pour chercher les solutions à des problèmes aussi actuels que : l’acceptation et la reconnaissance des différences culturelles dans nos cités, ou le nécessaire partage des ressources naturelles, de l’argent, voire même du temps.
De plus ce volontariat est menacé pour des raisons aussi diverses que : la confusion sémantique, la suppression du service national, et parfois par une appréciation erronée de la place de l’homme dans la solidarité.
Il y a souvent confusion verbale entre le volontariat et le bénévolat. Or il existe dans les faits une très importante différence de statut : le volontaire quitte son statut antérieur de salarié, ou d’étudiant pour se consacrer exclusivement à une tâche qui par sa durée, supérieure en général à un an le fait sortir notamment des régimes de protection sociale habituels ; le bénévole au contraire conserve son statut d’étudiant, de salarié ou de retraité, tout en consacrant une partie de son temps ou de son année scolaire à une activité bénévole ...
Plus inquiétant, certains esprits de bonne foi expriment l’idée que l’envoi de personnes auprès de populations démunies (en dehors des cas d’urgence absolue) aliène ces dernières, voire les colonise et que mieux vaut se contenter d’envoyer de l’argent. Ce raisonnement fait bon marché du pouvoir d’aliénation de l’argent, surtout envoyé dans des zones géographiques où il est très rare, mais c’est oublier surtout que ces populations souhaitent d’abord être connues, reconnues et comprises. L’aide, l’assistance, le partage ne peuvent être exprimés, compris et efficaces qu’ensuite.
Il faut donc qu’existent des compagnons de vie, des témoins, des médiateurs interculturels dont la présence dans la durée est nécessaire. De plus le risque de voir un volontaire prendre la place d’un autochtone est faible pour deux raisons, d’abord les volontaires sont relativement très peu nombreux (un volontaire français pour un million d’habitants en général et un pour cent mille pour des pays à forte densité de volontaires).
Une conviction à partager.
En guise de conclusion, il convient de mettre en relief que cet engagement, vécu le plus souvent avant l’âge de 35 ans, est “ fondateur ” d’une personnalité plus mûre et plus engagée. C’est un investissement humain à triple rentabilité pour la société, puisqu’il est à la fois :
- · utile pour les populations auprès desquelles il s’exerce dans un rapport de proximité et de fraternité
- · structurant pour la personnalité de celle ou de celui qui y est engagé
- · ferment d’altérité et d’antiracisme pour la France, où, à son retour, le volontaire exercera son activité pendant plusieurs dizaines d’années.
Jean PONSIGNON
Secrétaire général de Intercordia
AVENTURE N°96 - AUTOMNE 2002
07:43 | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook
Commentaires
Merci pour ce billet, j'espère vous lire à nouveau très bientôt. Pardon pour les fautes éventuelles, n'étant pas francophone, j'ai utilisé Google Translate. Paola :)
Écrit par : achat or | 18/10/2011
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