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31/05/2008

Les magistrats-coopérants (D. RENARD) extrait2

 

Un magistrat que les nouvelles autorités souhaitaient avoir comme coopérant, alors qu'il avait vécu pendant deux années l'expérience de procureur militaire, ce qui n'était pas neutre, déclare: «On voulait me garder». « Les autorités arabes m'ont proposé d'être secrétaire général du procureur général à Alger» après l'avoir rassuré sur l'accueil qui lui serait réservé. Avant qu'il n'accepte ce poste, on lui dit en effet : « On ne peut pas vous en vouloir d'être Français». Ce magistrat a vraiment eu le sentiment de faire son devoir en acceptant ce poste.

Toutefois, ce qui allait être la nouvelle fonction de ces magistrats n'a pas toujours été conforme à leurs aspirations.

Ainsi le nouveau secrétaire général du procureur général d'Alger se souvient «Le nouveau procureur général d'Alger, sous les ordres de qui je devais accomplir ma nouvelle fonction, était un avocat kabyle qui, en réalité, s'occupait davantage d'affaires personnelles que de la gestion du parquet. Il se déchargeait alors sur son secrétaire de l'ensemble de son travail». Celui-ci devait par conséquent gérer l'ensemble du parquet, devenant ainsi le véritable procureur en plus de ses attributions de secrétaire. Il devait « tout connaître alors qu'il n'y connaissait rien »

Il essaya de profiter au mieux des nombreux services mis à la disposition du procureur général, mais avoue-t-il, le résultat n'était pas satisfaisant. La quantité toujours plus impressionnante de courrier qui s'amoncelait ne pouvait être traitée et les dysfonctionnements se multipliaient.

D'autres magistrats coopérants ont eu, à l'opposé, des expériences tout à fait satisfaisantes.

Ainsi, un magistrat a été très apprécié par les autorités locales pour l'ensemble de son travail qu'il assurait avec entrain. Ce juge d'instruction à Alger était « toujours prêt à consacrer une part importante de son temps à la formation de ses collègues algériens ». Il a été nommé conseiller technique en 1966 et chargé de rédiger un « guide des greffiers d'instruction » et un « guide du casier judiciaire ». Sa participation a été requise dans plusieurs séminaires comme instructeur.

 

La fonction de ces magistrats qui coopéraient n'était pas de juger. L'un d'eux explique ainsi qu'étant magistrat coopérant, il ne pouvait rendre la justice que seuls les « nationaux » pouvaient prétendre faire. Leur tâche était principalement de former ces derniers.

...

 

Les magistrats rencontrés témoignent en général qu'ils n'ont jamais fait l'objet d’aucune menace de la part de ceux qui étaient désormais au pouvoir.

En 1970, douze magistrats étaient toujours coopérants en Algérie. Apres avoir accepté de construire avec les Algériens une autre Algérie, ces magistrats ont tous décidé de rentrer en métropole. En effet, la politique de l’Algérie ne cessait de se dégrader. Certains étaient heureux de rentrer, mais pour d'autres, c'était un « déchirement de quitter le pays qui il les avait vu naître et qu'ils aimaient ».

 

LES MAGISTRATS EXERçant en AlgÉrie face au conflit AlgÉrien

(Domitille RENARD)

Mémoire de DEA Droit et Justice

Année universitaire 2001-2002

La coopération en Algérie (pages 94 à 99)

 

Mémoire au format pdf

 

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Carte postale ancienne : Palais de Justice de Tizi-Ouzou

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