23/08/2009
Guy HENNEBELLE vu par Guy PERVILLE
Le regretté Guy Hennebelle, ancien directeur de la cinémathèque d’Alger et ancien chroniqueur cinématographique d’El Moudjahid (sous le pseudonyme Halim Chergui), écrivit au président Bouteflika aussitôt après son discours de Paris pour lui proposer de l’aider à refonder positivement les relations franco-algériennes par un numéro de sa revue Panoramiques donnant la parole à des auteurs des deux pays, sans lui cacher qu’il n’approuvait pas toutes ses déclarations, et qu’il avait déjà écrit à Bachir Boumaza que la repentance unilatérale ne mènerait à rien [35]. Puis il écrivit au Figaro pour s’élever contre la volonté du Monde de lancer la France dans une campagne de repentance : « Ma conviction est que c’est inutile, néfaste et même dangereux. Oui, les livres d’histoire doivent dire toutes les vérités. Non, il n’est pas sain que la France vive dans des campagnes permanentes de repentance. Cette ritournelle tend à devenir maladive. Je ne pense pas du tout que la campagne récente soit de nature à rendre rationnelles, fraternelles et apaisées les relations entre la France et l’Algérie, qui a montré qu’elle savait fort bien faire encore pis que nous, et dont les besoins et préoccupations immédiates relèvent d’un tout autre registre » [36]. Dans le numéro 62 de Panoramiques, intitulé « Algériens-Français : bientôt finis les enfantillages ? », il voulut contribuer à briser ce qu’il appelait « le duo maso-sado entre la culture laïco-chrétienne du culpabilisme français et la culture arabo-musulmane du ressentiment, qui ne mène à rien de constructif » [37], rappelant son opposition à la campagne lancée par Le Monde et sa lettre antérieure à Bachir Boumaza « pour lui dire que je réprouve absolument (..) l’aventure dans laquelle il cherche à lancer son pays à travers sa Fondation du 8 mai 1945 ». En revanche, il se prononçait pour « la création d’une équipe mixte algéro-française dont la mission serait d’écrire et d’enseigner une histoire commune de notre long compagnonnage forcé, y compris de son dramatique épilogue » [38]. Ce fut l’un de ses derniers combats [39], auquel j’ai participé en pleine connaissance de cause [40].
[35] Panoramiques, n° 62, 1er trimestre 2003, p. 42. Ce numéro a obtenu l’estampille de l’année de l’Algérie.
[36] Guy Hennebelle, « Algérie : jouer aux matriochkas ? », Le Figaro, 6 août 2001, p. 9.
[37] Panoramiques, n° 62, p. 20.
[38] Ibid., p. 23.
[39] Guy Hennebelle est mort d’un cancer le 3 juillet 2003. Un numéro hors série de Panoramiques, 3ème trimestre 2003, intitulé « Pour quoi nous combattons », présente son « testament » sous forme d’anthologie de ses articles.
[40] Cf. Guy Pervillé, « Je préfère m’abstenir de tout pronostic », entretien avec Guy Hennebelle, Panoramiques, n° 62, pp. 150-158
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