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25/11/2008

Jean-Pierre PICHAULT en Algérie avec Pradette

 

Quand amour et ténacité se conjuguent Il a fallu plus de 30 ans pour qu’aboutisse le projet de Pradette Pichault : voir paraître un ouvrage qui retrace la diversité du costume traditionnel algérien. C’est chose faite, aux éditions Maisonneuve et Larose. Retour sur un parcours peu habituel.

 


Au début de l’histoire, il y a une jeune Française originaire de Poitiers, au prénom rare, Pradette. Elle épouse à la fin des années 1950 Jean-Pierre Pichault, ingénieur, fils d’un industriel de la meunerie, voué à prendre la relève du père. Mais la vie va en décider autrement. Pour des problèmes de succession (ce n’est pas le lieu ici d’en évoquer les détails), il passe la main, et se retrouve à devoir travailler comme un simple salarié.

 

Avec son expérience dans le métier de la minoterie, il n’a aucune difficulté à trouver un emploi au ministère de l’Agriculture français, avec une mission comme coopérant en Algérie, où le secteur des moulins et des céréales, après l’indépendance, est à reconstruire. Voilà donc comment Pradette Pichault débarque avec son mari à Alger en juin 1965 : « C’était huit jours avant le coup d’Etat de Boumédiene ». Le 19 juin, elle a vécu « les soldats en armes et les chars dans les rues. De quoi avoir la ‘’pétoche’’. A un moment, J’ai eu l’idée de regagner Poitiers, à peine arrivée. » Elle se sent cependant protégée et quelque peu rassurée, car son logement est situé dans un bâtiment où réside notamment un certain… Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangère et d’autres personnalités du jeune Etat algérien. Son séjour algérien va finalement durer 10 ans.

 

Dès les premiers jours, cette amatrice d’art tombe en pâmoison devant le charme des costumes algériens. Elle est irrésistiblement attirée par les haïks et les burnous, trouvant beaucoup de majesté à ces silhouettes qu’elle découvre depuis son balcon, dans la chaleur de ce mois de juin, sur les hauteurs d’El Biar. Lors de ses déplacements de fin de semaine en Kabylie, d’abord, puis de plus en plus loin, elle découvre la richesse de la culture algérienne et elle s’en délecte. Aujourd’hui, encore, plus de 40 ans après, la dame, avec des yeux qui brillent, déclare en forme de manifeste : « Connaître autre chose, c’est formidable. Prendre dans chaque culture ce qu’il y a de bon, quel enrichissement ! ». De relation en relation, elle adhère à une association qui se met alors en place, « Le Vieil Alger », créée par des Européens qui n’ont pas fui le pays après le 5 juillet 1962. Au programme, des déplacements qui se multiplient : Kabylie, Ghardaïa, Timimoun, Biskra, Bou Sâada… Femme, elle a accès à Alger comme lors de ses pérégrinations au monde du gynécée, et elle s’imprègne de toutes les belles choses qui font la culture féminine algérienne. Elle en redemande. Parmi ses connaissances, un artiste parle de la passion de cette femme au ministre de la Culture d’alors, qui lui propose d’en faire un livre, puisque aucun ouvrage n’a recensé ce patrimoine vestimentaire de l’Algérie. Au début des années 1970, elle se met alors à faire des recherches à la Bibliothèque nationale et au CNRS. « C’était à l’époque au musée du Bardo », se souvient-elle. Des informations, dont certaines sont difficiles à collationner car elles font appel à une terminologie arabe ou berbère, sont empilées (elles font l’objet d’un méticuleux glossaire en fin d’ouvrage). Elle fait des photos et stocke les œuvres d’art : miniatures de Racim, tableaux de Chasseriau, Delacroix, gravures…. Elle dessine aussi des pièces de tissu, trace des croquis… Un énorme travail interrompu par leur départ d’Algérie en 1975 pour le Sud de la France, à leur plus grand regret : « Nous en avons pleuré, l’Algérie était devenu notre pays », raconte-t-elle. Pourtant elle n’arrête pas. Elle peaufine des années durant son œuvre qui vient enfin de voir le jour, le fruit d’une ténacité rare. Une pièce qui contribuera à la restitution et à l’affermissement du patrimoine national.



P. Pichault : Le Costume traditionnel algérien, Maisonneuve et Larose, 39 euros.



Un beau livre


Pour la première fois, un ouvrage traite du costume algérien d’hier et d’aujourd’hui, dans une Algérie découpée par l’auteure en sept régions : La Kabylie, les Aurès, le M’zab, Touareg, Alger, Tlemcen et Constantine. Cela donne un beau livre agréable enrichi de 86 illustrations, de miniatures, de peintures, de dessins, d’aquarelles et de photos. Le tout est subdivisé en particularités rurales et citadines. En fin d’ouvrage, le lecteur découvrira enfin, d’instructifs tableaux d’équivalence du glossaire, ainsi qu’un index qui, à lui seul, mérite un coup de chapeau, ou de ... chéchia.



Walid Mebarek El Watan, Le 4 février 2008

 

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17/11/2008

Gilbert BADIA, promoteur de l’allemand à Alger

Gilbert BADIA (1916-2004)

 

Notre collègue et ami Gilbert Badia, mort à l’automne 2004 à l’âge de 88 ans, nous laisse une œuvre immense de germaniste historien de l’Allemagne contemporaine.

 

Il était fils d’un maçon catalan venu chercher du travail dans le Midi de la France. Après une brillante scolarité au Lycée de Béziers, il avait commencé à l’Université de Montpellier des études d’allemand. Assistant de français à Spiekeroog (une des îles frisonnes !) puis à Hambourg, il avait découvert à vingt ans l’Allemagne hitlérienne. Il témoignera plus tard de cette expérience qui l’avait profondément marqué. Son parcours personnel est celui d’un homme engagé dans les combats de son époque. Il adhère en 1938 au Parti communiste après sa rencontre avec sa future femme, une jeune institutrice communiste, et obtient en 1939 l’Agrégation d’allemand. Durant l’occupation, Gilbert Badia s’engage dans une organisation de la Résistance appelée « TA », le Travail allemand, une section de la MOI (« Main d’Œuvre Immigrée ») chargée de recueillir des informations auprès des soldats ennemis, de les démoraliser et de les inciter à la désertion. Arrêté deux fois, en janvier 1941 et en septembre 1943, il réussit à s’évader, de la prison de La Santé d’abord, puis d’un camp en Haute-Vienne. A chaque fois, il reprend ses activités de résistant à Paris. A la Libération, il devient Secrétaire général du quotidien communiste Ce Soir, dirigé par Aragon. Évincé du journal en 1950, il réintègre l’Éducation nationale. Nommé au Lycée Charlemagne à Paris, il occupera ce poste jusqu’au début des années soixante.

 

C’est durant cette période qu’il écrit son Histoire de l’Allemagne contemporaine, parue en 1962 et rééditée de nombreuses fois. Plusieurs générations d’étudiants germanistes se nourriront de cet ouvrage, dont le second volume surtout, qui traite des Allemagnes après la guerre, porte indéniablement la marque de son époque et de l’engagement de son auteur. En 1987, Gilbert Badia en fera paraître, avec une équipe de germanistes, une édition entièrement refondue.

 

Malgré cet ouvrage important, bientôt suivi par des recherches sur le mouvement spartakiste, Gilbert Badia n’avait à cette époque guère de chances d’être recruté dans une université française, du fait de son engagement politique et de ses orientations de recherche. La civilisation allemande était encore fort peu représentée dans les études germaniques, essentiellement orientées, avant 1968, vers la littérature, la langue et la philologie, et marquées par un certain passéisme. Il s’ouvrira les portes de l’enseignement supérieur, en allant apporter son aide au développement universitaire de l’Algérie indépendante, et en fondant à l’Université d’Alger la section d’allemand qu’il dirigera jusqu’en 1966.

 

A son retour en France, c’est dans des universités récemment créées, ouvertes à des approches contemporaines et à des objets d’études nouveaux, qu’il trouvera accueil. En 1968, après deux années passées à l’Université de Nanterre, il choisit d’enseigner au Centre Universitaire expérimental de Vincennes qui vient de s’ouvrir, la future Université de Paris 8. Il y enseignera jusqu’à la fin de sa carrière, en 1985, exerçant notamment la fonction de vice-président du Conseil scientifique. Il siègera par ailleurs comme élu du SNESup au Conseil Supérieur des Universités (l’actuel CNU), puis au CNESER.

 

 

Un homme de conviction aussi, mais sachant écouter et se remettre en cause, quand il le fallait, sans se renier ni se plier au discours dominant.

 

 

Il fut, enfin, un remarquable traducteur dans des registres très variés : pièces de théâtre de Brecht, de Martin Walser, Heinar Kipphardt, Jura Soyfer, Volker Braun, poèmes de Brecht, textes théoriques de Marx, Clara Zetkin et Rosa Luxemburg. Responsable de l’édition française de L’idéologie allemande, il traduisit aussi plusieurs autres textes de Marx, et procéda à la révision de traductions antérieures, faisant ainsi le pont entre les premières générations des traducteurs de Marx et ceux d’aujourd’hui. Il fut également le co-éditeur, avec Jean Mortier, de douze volumes de la correspondance Marx-Engels aux Éditions sociales.

 

 

Gilbert Badia n’était pas un homme de pouvoir, mais de partage. C’était un défricheur dont la curiosité intellectuelle est restée intacte jusqu’à la fin. Sa disparition est une grande perte pour les études sur l’Allemagne de notre temps. C’est aussi une grande perte humaine pour beaucoup de ceux qui l’ont connu.

 

Hélène Roussel et Jean Mortier

jeudi 31 juillet 2008

 

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09/11/2008

Les coopérants subjugués par le désert selon Malika MOKEDDEM

"Et puis encore et encore les naufrages des étés. Il n'est de pire sentiment de claustration que celui éprouvé face à des immensités ouvertes, certes, mais sur un néant. Sur l'enfer d'une tragédie pétrifiée pour l'éternité, sans rédemption. Le désert ne subjuguait que les coopérants français qui, eux, le sillonnaient de part en part et le quittaient à l'été pour des lieux plus cléments. Forts de la certitude qu'ils pourraient s'en aller définitivement quand ils le décideraient, ils le vivaient agréablement. Leïla, elle, avait si peur de ne pouvoir jamais lui échapper qu'elle le haïssait, ce désert tyran. Son ciel torve et ses nulle part effarants égaraient son regard, consumaient ses espoirs. La perspective de ces mois qui agonisaient en naissant et installaient l'image de la mort pour longtemps, l'angoissait tant que Leïla en oubliait les véritables causes de son enfermement : la misogynie de la société, d'une part, le dénuement de sa famille et le nombre à présent trop important de sa fratrie qui excluaient toute possibilité de voyage, d'autre part.

Avec les campagnes de vaccinations et la gratuité des soins médicaux, le taux de mortalité infantile dans le pays, auparavant l'un des plus élevés du monde, baissait de façon spectaculaire. Le boum démographique qui s'amorçait et l'importance de l'exode rural rendaient pléthorique la population des villes. Et les plus spacieuses demeures des «biens vacants» devenaient exiguës lorsque s'y entassaient plusieurs générations d'une même famille. Les rares échappées que s'étaient octroyées les Ajalli vers Oujda ne pouvaient plus s'envisager depuis que leur famille s'était exilée à Oran. Après les fastes d'antan perdus avec la mort de Bouhaloufa, ceux d'Oujda avaient laissé derrière eux leurs derniers biens : les charmes et les espaces de la ferme. Ils avaient rejoint l'étroitesse et la routine de la vie des citadins.

À Dar el Barga, faisant fi de la fournaise estivale comme des morsures hivernales ou des mitrailles printanières des vents de sable, Yamina et Mounia exhibaient  comme  des  trophées  de  gros  ventres goguenards. Chaque année. «Comment peut-on continuer à faire des enfants dans ces conditions? » se demandait Leïla avec effarement. Parfois, elle pétrissait inconsciemment son ventre d'une main fébrile en proie à une sourde terreur. « Jamais! Jamais! » Dans la chaleur torride, elle se mettait à trembler et ses yeux jetaient alentour des regards traqués.

- Mon Dieu es-tu malade? s'inquiétait sa grand-mère.

- Non, non. Ce n'est rien."

 

Les hommes qui marchent.

Malika MOKEDDEM.

Éd. Grasset. 1997

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01/11/2008

Michael ONUCHCO au chevet de l’école algérienne

Les Américains (dont Michael ONUCHCO) au chevet de l’école algérienne

 

Une équipe d’experts américains devra formaliser la méthode idoine d’enseignement de l’anglais et de l’introduction des nouvelles technologies dans les écoles algériennes.

 

Par Hassan Moali, liberte-algerie.com lundi 28 mars 2005.

 

Les responsables de l’Éducation nationale se sont orientés vers le pays de l’Oncle Sam pour y puiser savoir, méthodologie et surtout rigueur dans l’enseignement efficient de la langue de Shakespeare comme projeté dans la réforme de l’école.

 

En l’occurrence, la langue anglaise, qui sera dispensée dans nos établissements scolaires, se fera désormais sous l’œil vigilant de formateurs américains, qui devront encadrer le processus d’enseignement de cette langue. Pour ce faire, le ministère a convié, hier, à l’ex-ITE de Ben Aknoun, un groupe d’experts venus des États-Unis, mais aussi de la Jordanie et de l’Inde afin de leur exposer l’état des lieux de l’enseignement de l’anglais en Algérie. Trois jours durant, les étrangers écouteront les exposés des représentants de l’éducation nationale à la lumière desquels ils prescriront une conduite à tenir et une démarche à suivre. Ce séminaire-atelier permettra aux américains de s’imprégner de la réalité de l’anglais dans les écoles algériennes mais également des manuels scolaires qui accompagnent son apprentissage. Ils semblent tout de même en connaître un bout, puisque Michael Onuchco, un coopérant US, confie en aparté que “beaucoup de choses doivent changer”. Présent en Algérie depuis une année en tant que formateur des enseignants de l’anglais, notre interlocuteur constate que les salles de classe en Algérie sont surchargées. “You have a very large work class” assène-t-il, étonné, aux journalistes, lui qui s’est rendu à Tamanrasset, Béchar, Oran, Jijel et El-Oued. S’il relève que la plupart des écoles sont dotées de bibliothèques, il regrette, néanmoins, le fait que ces espaces demeurent indigents en termes d’ouvrages. “Il n’y a pas beaucoup de livres et le peu qu’il y a, est très ancien...” lance-t-il dans un français approximatif. Un constat partagé par le directeur des affaires juridiques et de la coopération à l’éducation nationale,

 

M. Boubakeur Samir, dit vouloir profiter au maximum de l’expertise américaine pour optimiser l’enseignement de l’anglais en Algérie. Il explique que ce programme fait suite aux accords de coopération signés entre les gouvernements des deux pays. Les États-Unis s’engagent, ainsi, à financer gratuitement cette réforme au profit de l’Algérie “dans la mesure du possible”. Cela ira de la conception des manuels scolaires de l’anglais aussi bien sur le plan esthétique que celui du contenu, jusqu’à la méthode d’enseignement de l’anglais en passant par la formation des formateurs. Autant dire que nos potaches bénéficieront d’un apprentissage de cette langue “in the american way”. Mieux, le deuxième axe de la coopération que constitue l’introduction des nouvelles technologies dans le système éducatif fera l’objet d’une assistance des experts US qui se seront appelés à concevoir la meilleure formule d’introduction de l’outil informatique dans le système scolaire algérien. Là aussi, M. Onuchco se désole de ce que les élèves en Algérie n’aient pas accès à l’internet bien que plusieurs établissements soient pourvus de micro-ordinateurs.

 

Mais ce n’est là qu’un petit constat général. Les partenaires algériens se relayeront aujourd’hui et demain, à la tribune, pour livrer le détail - par les chiffres -, de la réalité de l’enseignement, de l’anglais particulièrement, dans l’école algérienne pour permettre aux américains d’identifier les carences. Et c’est au terme de la réunion de synthèse de mercredi, que les coopérants américains feront savoir à leurs interlocuteurs jusqu’où ils pourront intervenir techniquement et financièrement.

 

 

Source de l'article

 

 

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