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03/08/2008

Carlos ESCODA, Coopérant et Chevalier


Remise des insignes de Chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres à Monsieur Carlos Escoda


 

Mesdames, Messieurs,


Cher Carlos Escoda,

Le court texte qu'à ma demande vous m'avez remis débute ainsi : " Je suis né à Barcelone, dans le quartier populaire de Saint-Andreu, le 24 mai 1935. De Carlos Escoda, jadis berger dans la province de Tarragone, puis ouvrier horticole à Barcelone, et de Rafaela Escudero, ouvrière d'usine à Barcelone ". Ces quelques lignes sont sobres, presque lapidaires, toutes chargées de sens et d'émotion contenue. Elles signent l'entrée d'un homme dans la vie. Le début d'un parcours qui tout à la fois ressemble à beaucoup d'autres et n'en est pas moins absolument singulier. Vos premiers pas, vous les accomplissez sur la route de l'exode. L'exode de vos parents, proches des communistes catalans, pourchassés alors par celui qui s'est " marié à la camarde ", celui qui n'a laissé que sa " rature " dans l'histoire de l'Espagne contemporaine. Leur Espagne, vos parents ne l'ont jamais revue. Arrivée en France, votre famille est internée dans des camps de regroupement de sinistre mémoire. Votre père à Argelès, votre mère, votre sœur Maria, vos frères Rafaël et Fausto, et vous-même, à Montguyon puis à Montendro. " Tout faisait défaut dans ces baraquements, sauf le froid. " écrit votre fils, Eric, à propos des conditions de vie effroyables de l'enfant de trois ans que vous étiez.

C'est dans cette tourmente que tout a commencé pour vous. Rien de ce que vous avez accompli par la suite ne lui est au fond étranger, ni l'empreinte qu'elle a laissée, ni la force qu'elle vous a donnée pour vous élever, vous engager, et tâcher de troubler le cours des choses.

En Gironde, où vos parents finissent par trouver du travail comme métayers, un instituteur vous remarque. Il vous fait entrer au collège, directement en classe de cinquième. C'est là que naît votre passion pour le savoir, la littérature et l'histoire. Elle ne vous quittera plus. Ces passions-là augmentent d'être partagées. C'est à cela que vous allez consacrer votre vie, puisque vous décidez au terme de vos études de lettres modernes à Bordeaux, de devenir enseignant. Mais à nouveau, l'histoire s'en mêle. Vous êtes enrôlé en Algérie dans un régiment dont les appelés furent hostiles aux généraux putschistes.

En 1963, vous êtes de retour en Algérie, en tant que coopérant pour y enseigner. Fidèle à votre engagement anti-colonialiste, vous nouez des liens étroits avec les communistes algériens. Votre carrière suit son cours au gré des postes qui vous sont attribués à La Rochelle et Poitiers, puis au Cameroun, à Yaoundé, où vous entrez en contact avec l'opposition au régime d'Ahidjo.

Et puis s'ouvre à Villejuif le chapitre de votre vie qui motive notre présence à vos côtés ce soir. " J'y suis, j'y reste " : tels furent vos premiers mots quand vous apprenez votre nomination dans un collège de la ville. Vos anciens élèves évoqueraient beaucoup mieux que moi votre désir d'enseigner, le plaisir que vous avez pris à transmettre.

Aussitôt, vous tombez en amour pour cette ville, pour les gens qui y vivent, pour son histoire. Sans doute cela tient-il à la nature de votre engagement militant, et aux formes qu'il a prises.

Vous collaborez en effet au journal local du parti communiste, la Voie nouvelle, où Marie-Claude Vaillant-Couturier puis Marcel Trigon vous confient la page du Kremlin-Bicêtre et la rubrique culturelle. Vous vous prenez de passion pour cette activité. Tous ceux qui fréquentaient le Café des fleurs, dont vous aviez fait votre écritoire favori, peuvent en témoigner.

Permettez-moi de vous dire toute l'admiration et le respect que cela m'inspire, devant votre femme Françoise et vos quatre fils Pierre, Eric, Pascal et Raphaël.

Cher Carlos Escoda, ce soir j'ai le très vif plaisir, la fierté aussi, au nom de Catherine Tasca, Ministre de la Culture et de la Communication, de vous remettre les insignes de Chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres.

 

Allocution de Michel Duffour 22 mars 2002

 

(original)

 

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Commentaires

Bonsoir Tonton Carlos

Tous d'abord, je te félicite pour le chemin que tu a parcouru ,a mes yeux tous se que tu a fais est formidable .En lisant se texte qui ma mit les larmes au yeux . Je n'avais pas lu avant Tonton . Mille bravo , tu le mérite .

De Gros Bisous .

Anthony

Écrit par : Castaing | 26/09/2012

Bonsoir

Etes vous venu au temps jadis faire une colo à Gerardmer dans las Vosges?

Écrit par : Clair Pierrette | 09/10/2012

Bonjour monsieur

J'écris des livres sur Montguyon lieu où vous auriez séjourné dans un camp de réfugiés. Pourriez-vous me donner vos sentiments sur cette période et sur ce séjour dans notre cité. Merci par avance

Très cordialement
Raymond Nuvet

Écrit par : nuvet | 14/10/2012

Réponse à Pierrette CLAIR : oui j'ai fait une saison ou deux à la colo de Gérardmer, dans les Vosges (je crois que c'était pour la ville de Drancy).
Réponse à Raymond NUVET : je devais avoir dans les 4-5 ans, après notre sortie d'Espagne. Ce séjour doit se situer en 1940 (hiver 1940-41 probablement). Les réfugiés espagnols étaient rassemblés dans un établissement industriel désaffecté (briqueterie, tuilerie ?) proche d'un étang (glacé en cette période) et d'une carrière ou sablière... C'est là que j'ai rencontré des soldats allemands pour la première fois. L'un d'entre eux m'a donné du chocolat et du pain noir (comme tous mes petits camarades j'étais continuellement tenaillé par la faim...). Nous avons quitté Montguyon pour un camp à Montendre (emplacement encore visible), mes souvenirs se font alors plus précis...
carlos.escoda@free.fr, à votre disposition

Écrit par : Escoda Carlos | 31/05/2013

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